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Les propos de Joe Biden, qualifiant indirectement certains électeurs d'"ordures", ont provoqué un tollé. Une déclaration qui pourrait bien coûter des voix aux démocrates, en détournant les républicains modérés tentés par Kamala Harris.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a bien essayé d'atténuer les propos de Joe Biden en expliquant que c'était la rhétorique haineuse de Donald Trump que le Président avait voulu critiquer en parlant d'ordure et non ses partisans. Mais le mal était fait. Donald Trump, en meeting dans le Wisconsin, l'un des états-clés, a pu laisser libre cours à sa critique habituelle sur le mépris des élites de Washington.
"Le commentaire de Joe Biden est la conséquence directe de la décision de Kamala de considérer tous ceux qui ne votent pas pour elle de sous-hommes maléfiques. En fait, ils vous traitent comme des ordures et ils traitent notre pays comme des ordures."
La gaffe de Joe Biden est d'autant plus regrettable pour les démocrates que c'est le camp républicain qui avait lancé le mot ordure, garbage en anglais, dans le débat. Lors du meeting au Madison Square Garden, un humoriste avait qualifié Porto Rico d'île couverte d'ordure.
Maintenant, est-ce que cette polémique aura un effet réel sur le résultat du scrutin ? Difficile à dire. La base trumpiste est de toute façon déjà mobilisée contre les prétendues élites. Ce qui pourrait être plus gênant pour Kamala Harris, c'est l'attitude au dernier moment des républicains écœurés par les outrances de Trump et qui s'apprêtaient à voter pour elle. On estime que 20% des électeurs potentiels de Trump pourraient se tourner vers la candidate démocrate. Pour la plupart, des cadres, des hommes d'affaires, des diplômés et des chefs d'entreprise qui votaient pour la famille Bush mais qui se considèrent comme non-MAGA, c'est-à-dire qu'ils n'adhèrent pas au slogan trumpiste "Make America Great Again".
Dans son dernier discours, Kamala Harris s'était ouvertement adressée à cet électorat rationnel qui considère Donald Trump comme un dangereux personnage. Sa politique étrangère et son désintérêt pour la cause climatique découragent ses conservateurs. Mais voilà, si le camp Harris se met à utiliser les mêmes armes, les républicains modérés n'iront tout simplement pas voter ou retourneront au bercail. Il n'est pas rare dans les milieux de la droite bourgeoise d'entendre des gens respectables dire "Trump est fou, il n'écoute personne, il raconte n'importe quoi. Mais on ne peut pas dire que la politique économique qu'il a appliquée était mauvaise."
Et on en revient toujours aux fondamentaux. Pour les électeurs américains, qu'ils soient républicains ou démocrates, l'important, c'est le portefeuille.