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Une thérapie alternative peut tenter les personnes souhaitant arrêter de fumer : le laser auriculaire. Mais est-ce réellement efficace ? Les discours divergent entre révélation et sentiment d'arnaque.
La lasérothérapie auriculaire promet de réduire le besoin physique de fumer en stimulant des points précis de l'oreille. Une promesse qui a séduit Maryline. Ancienne fumeuse, elle fumait deux paquets par jour depuis 50 ans. Un an après sa séance, Maryline n'a toujours pas touché à une cigarette. "C'est miraculeux. Même dans la famille, tout le monde était édifié que j'ai réussi à ne plus fumer", confie-t-elle.
Le principe est simple : le laser, appliqué sur 10 points précis de l'oreille, permet de stimuler la sécrétion d'une hormone : la dopamine. "Ça va aider le patient en lui enlevant ce besoin physique qu'il a de consommer", explique Thomas Hoden, le cofondateur d'un cabinet de lasérothérapie auriculaire.
"Il n'y a rien de miraculeux", précise-t-il. Si le laser est une grande aide, il n'aura que très peu d'effet si le patient n'y met pas du sien par la suite. "On ne va pas vous enlever le fait d'aimer fumer, mais on vous enlève le besoin de consommer. Après, charge aux patients de changer leurs habitudes, leur hygiène de vie et mener une vie du réveil au coucher où la cigarette n'a pas sa place."
Pas efficace chez tout le monde
Christine fait également partie des personnes ayant voulu essayer cette pratique. Fumeuse depuis 20 ans, elle n'est pas parvenue à arrêter son addiction malgré l'intervention du laser. Un constat qui serait similaire pour plusieurs personnes de son entourage. "Je suis allée un samedi et le dimanche, je recommençais à fumer", déclare-t-elle d'un ton dépité.
Pour elle, cette technique est une arnaque et elle accuse les pratiquants d'escroquerie. "Cette personne (le spécialiste, ndlr) abuse des gens parce que demander 190 euros pour rien, ça n'a pas de sens."
Un abus de confiance ?
Cette pratique promet une efficacité entre 75 % et 85 %, soit deux fois plus que chez les tabacologues chez qui 35 % à 40 % des patients parviennent à arrêter de fumer. Mais l'efficacité de cette méthode alternative n'est pas prouvée par la littérature scientifique et les spécialistes sont très sceptiques. "Je n'y crois pas", assène le tabacologue Martial Bodo. "Beaucoup de fumeurs souhaiteraient arrêter de fumer sans que cela ne leur coûte du temps, de l'énergie, de l'engagement... Il y a une exploitation de la naïveté et de la crédulité des gens qui vont payer dans l'attente magique d'un résultat qui ne sera pas à la hauteur. La seule force de la lasérothérapie, c'est son effet placebo."
Le Conseil Supérieur de la Santé n'a, jusqu'ici, émis aucun avis sur cette méthode. En Belgique, on compte 18 cabinets de ce type.