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Les droits des personnes transgenres sont-ils menacés en Chine ? Le cas de la danseuse Jin Xing inquiète

Les droits des personnes transgenres sont-ils menacés en Chine ? Le cas de la danseuse Jin Xing inquiète. Depuis fin 2023, celle-ci voit bons nombres de ses spectacles annulés. 

Le parcours de Jin Xing, danseuse transgenre et icône en Chine, est remarquable dans un pays où les droits des personnes LGBTQ+ sont de plus en plus restreints. Malgré sa carrière exceptionnelle et son statut de personnalité médiatique, Jin est aujourd'hui confrontée à une série d'annulations inexpliquées de ses spectacles, reflétant le durcissement des autorités chinoises envers cette communauté, comme le rapporte le média américain CNN. 

Une figure d’espoir et d’admiration

À 57 ans, Jin Xing est une source d’inspiration pour les personnes transgenres en Chine. Avec 13,6 millions d’abonnés sur Weibo, des émissions de télévision à succès et des salles de spectacles remplies, elle a réussi à obtenir un soutien officiel rare dans un pays où la discrimination reste omniprésente. Les médias d'État l'ont décrite comme l'une des "10 figures légendaires de la danse moderne chinoise".

"Je trouve son parcours admirable," confie Cyan au média CNN, un homme trans de 23 ans, aujourd’hui au Canada, ajoutant qu'il est difficile de vivre ouvertement comme personne trans en Chine. Pourtant, Jin semblait incarner l’espoir d’un avenir plus tolérant.

Un tournant inquiétant

Depuis fin 2023, plusieurs spectacles de Jin Xing ont été annulés, notamment à Guangzhou, Suzhou et Shanghai. Les autorités locales évoquent des "documents insuffisants", mais Jin a dénoncé ces décisions dans une publication Weibo, depuis supprimée, en demandant : "Veuillez ne pas abuser de votre pouvoir public !"

Ces annulations interviennent dans un contexte où la Chine renforce son contrôle idéologique, assimilant souvent les valeurs LGBTQ+ à des influences étrangères. Des défilés de fierté ont été interdits, des groupes de soutien dissous, et les médias censurent les thèmes LGBTQ+.

Une ascension hors du commun

Née dans une famille militaire, Jin Xing a suivi une formation en danse classique et en discipline militaire dès son plus jeune âge. Après une carrière internationale à New York, Rome et Bruxelles, elle est revenue en Chine où elle a fondé son propre théâtre de danse en 1999, après une chirurgie d’affirmation de genre à 26 ans. Grâce à son humour et son franc-parler, elle est devenue une animatrice de renom surnommée "l'Oprah de Chine".

"Je suis moi-même et ne représente que moi-même. Je resterai toujours Jin Xing, cela n’a rien à voir avec le genre," a-t-elle écrit sur Weibo récemment.

La réalité pour les personnes transgenres en Chine

Malgré le succès de Jin, de nombreuses personnes transgenres en Chine vivent dans la précarité et dans l’invisibilité. Cyan explique que les chirurgies d’affirmation de genre sont coûteuses et soumises à des conditions restrictives, comme l’accord parental. "En Chine, on a l'impression d'être un rat des rues, obligé de cacher son identité," dit-il.

Pour d'autres, comme Barbie Yao, 26 ans, la vie consiste à jongler entre une identité cachée le jour et une expression de soi limitée la nuit. "Ce que traverse Jin ne fait qu’aggraver notre pessimisme," ajoute-t-elle auprès de CNN.

Alors que la Chine devient de plus en plus conservatrice sous la direction de Xi Jinping, Jin Xing pourrait bien représenter l’une des dernières figures de visibilité pour la communauté LGBTQ+ dans le pays.

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