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Le gouvernement argentin du président Javier Milei a annoncé une "suspension" et un "audit intégral" des indemnisations octroyées aux victimes de violations de droits humains sous la dictature (1976-1983) après des "irrégularités dans le traitement ou le paiement".
Dans un communiqué lundi soir, le ministère de la Justice a annoncé qu'il auditera "toutes les demandes faites au nom des lois de réparations", à la lumière de diverses procédures judiciaires pour indemnisations frauduleusement ou indûment accordées. Quelque 25.000 dossiers seront révisés.
Ces indemnisations, directes ou indirectes, de violations de droits humains (détention, torture, exil, disparition d'un proche) sous la dictature sont prévues par plusieurs lois dites "de réparation pour les victimes du terrorisme d'État" promulguées au cours des années 1990 et 2000.
Ces dernières années, des procédures judiciaires ont mis en lumière des fraudes, notamment le cas de cinq personnes inculpées fin 2023 et en attente de jugement, comme organisation criminelle coupable de fraude, faux documents et témoignages. Près de 80 dossiers distincts sont imputés au principal accusé, qui se présentait comme fils de disparus.
Le ministre de la Justice Mariano Cuneo Libarona a précisé que des soupçons particuliers portent sur "plus de 100 personnes", qui ont perçu en moyenne 150.000 dollars chacune, sur la base de faux documents ou témoignages.
En 2021, 7.996 demandes d'indemnisation pour des proches de disparus ont été enregistrées, et 14.400 pour des exilés, a énuméré le ministre sur la télévision LN+. "Dans le cas des exilés, il y a beaucoup de triche", a-t-il estimé.
La dictature de 1976-1983 a laissé 30.000 morts et disparus, selon le bilan généralement admis des dernières années des organisations de droits humains. Un bilan ouvertement contesté par Javier Milei, qui évoque moins de 9.000 victimes, et a dénoncé à plusieurs reprises un "business" des droits humains.