Partager:
L'armée israélienne a annoncé lundi la mort de quatre otages retenus par le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, à l'heure où les doutes croissent sur les chances d'aboutir d'un plan de cessez-le-feu annoncé par le président américain Joe Biden.
Dans le territoire palestinien assiégé et dévasté par près de huit mois de guerre, au moins 40 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures dans les bombardements israéliens qui ont continué lundi sur plusieurs secteurs dont Rafah, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas.
Dans un communiqué, l'armée a indiqué avoir "informé les familles de Chaïm Peri, Yoram Metzger, Amiram Cooper et Nadav Popplewell" de la mort de ces quatre otages enlevés durant l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël et emmenés dans la bande de Gaza voisine. Leurs corps sont toujours aux mains du Hamas, a-t-elle ajouté.
"Nous estimons que les quatre (otages) ont été tués alors qu'ils étaient ensemble dans une zone de Khan Younès (sud de Gaza), lors de notre opération là-bas contre le Hamas", a précisé le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée.
Amiram Cooper, 84 ans, Yoram Metzger, 80 ans et Chaïm Peri, 80 ans, étaient originaires du kibboutz de Nir Oz, où ils avaient été enlevés. Nadav Popplewell, citoyen israélo-britannique, avait été enlevé dans le kibboutz de Nirim.
"Je suis profondément attristé d'apprendre le décès de Nadav Popplewell (...) Mes pensées vont à ses proches en ce moment terrible pour eux. Avec un nouvel accord sur la table, nous réitérons notre demande au Hamas de libérer", a réagi sur X le chef de la diplomatie britannique, David Cameron.
"Ils auraient dû rentrer vivants dans leur pays et au sein de leur famille", a affirmé le Forum des familles d'otages, alors que la pression s'intensifie sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu pour parvenir à un accord en vue de la libération d'otages.
Le plan annoncé samedi par M. Biden -une feuille de route proposée par Israël selon lui- prévoit dans une première phase un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages -femmes et malades- et de prisonniers palestiniens.
- "Seul obstacle" -
Mais Israël a jugé cette proposition "incomplète", selon le porte-parole du gouvernement, David Mencer.
"Les allégations selon lesquelles nous avons accepté un cessez-le-feu sans que nos conditions soient respectées sont incorrectes", a déclaré dans un communiqué Benjamin Netanyahu.
Ces conditions, Israël n'a de cesse de les répéter: la "destruction" du Hamas et la libération "de tous les otages".
Le Hamas, qui n'a pas encore donné sa réponse définitive, a dit considérer "positivement" le plan tout en réitérant ses exigences d'un cessez-le-feu permanent et d'un retrait total israélien de Gaza avant tout accord. Ce que refuse Israël.
"Le Hamas est désormais le seul obstacle à un cessez-le-feu complet", a dit Joe Biden, en "confirmant la volonté d'Israël d'avancer sur la base" du plan qu'il a annoncé.
Mais les exigences contradictoires réitérées par les belligérants et les réactions venant d'Israël jettent des doutes croissants sur ce plan alors que les appels dans le monde se multiplient pour arrêter le conflit qui a fait jusqu'à présent 36.479 morts dans l'offensive israélienne à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
- Bombardements à Rafah -
Cette offensive a été lancée après l'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Sur les 251 personnes emmenées comme otages durant l'attaque, 120 sont toujours détenues à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.
Les pays du G7 ont dit soutenir "pleinement" le plan de cessez-le-feu et demandé au Hamas de l'accepter.
Dans un communiqué commun, les ministres des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, d'Arabie saoudite, du Qatar, de Jordanie et d'Egypte ont aussi apporté leur soutien à cette proposition.
Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Lundi, l'armée israélienne a poursuivi son offensive terrestre lancée le 7 mai à Rafah, une ville du sud de Gaza et frontalière avec l'Egypte, pour détruire selon elle les derniers bataillons du Hamas.
Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont visé principalement l'ouest de Rafah alors que l'offensive terrestre a poussé, selon l'ONU, environ un million de Palestiniens à fuir la ville.
- "Ce n'est pas une vie" -
Des frappes et des tirs d'artillerie ont fait en outre six morts à Bureij (centre), dix à Khan Younès et quatre Gaza (nord), selon des sources médicales.
Dans les ruines de Khan Younès, le sort s'acharne sur les déplacés qui se sont retrouvés submergés par les eaux usées. Avec de petits récipients ou des bouteilles en plastique, ils tentent d'évacuer les eaux sales et nauséabondes de leurs tentes après la rupture d'une canalisation.
"Ce n'est pas une vie", lâche Abdellah Barbakh, un habitant. "Il n'y a pas d'eau potable. Il n'y a même pas de vendeur d'eau dans les rues. Il n'y a même pas d'eau de mer", dit un autre, Said Ashour.
"Les enfants meurent de faim", a lancé samedi la porte-parole de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Harris, en commentant la situation dans la bande de Gaza où la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants sont menacés de faim et n'ont pas d'endroit sûr où aller selon l'ONU.