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Haïti: la force internationale de sécurité se dessine

Après des mois de tractations, les contours d'une force internationale de police pour aider Haïti, en proie à la violence des gangs, commencent à se dessiner, les Etats-Unis annonçant vendredi que plusieurs pays entendent y contribuer sous la houlette du Kenya.

Mais la mise en place de cette force, que réclame Haïti depuis un an, prendra sans doute quelques mois encore, sans parler de son déploiement effectif, et elle doit d'abord obtenir le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU, peut-être dès la semaine prochaine.

La violence des gangs, qui contrôlent la majeure partie de la capitale de ce pays pauvre des Caraïbes et font régner la terreur, a fait plus de 2.400 morts depuis le début de l'année, selon l'ONU.

La police nationale haïtienne n'est pas cependant en mesure de les affronter d'où l'idée d'une force multinationale en soutien à ce pays qui connaît de multiples crises, politique et humanitaire.

"De 10 à 12 pays ont fait des offres concrètes pour cette mission" de soutien sécuritaire à la police en Haïti, a indiqué la numéro deux du département d'Etat américain, Victoria Nuland, en rendant compte d'une réunion ministérielle sur Haïti en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

La responsable américaine s'est refusée à nommer les pays mais la Jamaïque, les Bahamas et Antigua-et-Barbuda ont fait savoir qu'ils y participeraient. Le Kenya, qui s'est porté volontaire pour diriger la force, a proposé de fournir 1.000 membres de forces de sécurité.

Les Etats-Unis entendent fournir un important soutien logistique -- transport aérien, communications, logement, médical -- mais pas de forces de sécurité au sol a priori.

- "Quelques mois" -

"Cette mission de soutien ne se substituera pas à des progrès sur le plan politique", a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en ouvrant la réunion en présence du Premier ministre haïtien Ariel Henry.

Le président kenyan William Ruto et des représentants de la France, de l'Equateur, du Canada et de pays des Caraïbes y ont participé.

"Elle pourra aider à créer un espace afin qu'Haïti aille de l'avant", a affirmé M. Blinken en disant espérer que cette force puisse être "déployée d'ici quelques mois" car "il n'y a pas de temps à perdre".

Le secrétaire d'Etat a également annoncé que le gouvernement de Joe Biden allait demander au Congrès 100 millions de dollars pour financer la force, tandis que le Pentagone fournira les moyens logistiques et de transport.

Celle-ci doit avoir une importante composante de police mais aussi militaire en soutien à la police haïtienne.

Sa mission: apporter un soutien opérationnel à la police haïtienne, assurer la sécurité d'installations critiques et les voies de circulation et renforcer la police à long terme.

- Force non onusienne -

Elle attend désormais un feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU pour être mise sur pied, même si elle ne se ferait pas sous drapeau onusien.

Devant l'Assemblée générale de l'ONU, la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, a dit "espérer que les membres du Conseil de sécurité admettront qu'ils ne peuvent pas se servir de Haïti comme d'un pion, car (les Haïtiens) souffrent depuis trop longtemps, entre les mains de beaucoup trop de pays", sans être plus précise.

Un projet de résolution parrainé par les Etats-Unis et l'Equateur doit être discuté la semaine prochaine à l'ONU, a indiqué Mme Nuland en faisant part "d'un fort soutien" pour ce texte.

A la tribune de l'ONU mardi, le président américain Joe Biden avait appelé le Conseil de sécurité à "autoriser maintenant" l'envoi en Haïti d'une force multinationale car "le peuple d'Haïti ne peut pas attendre plus longtemps".

Son homologue kényan William Ruto a fait de même jeudi, jugeant "hors de question" d'abandonner une population terrorisée par les gangs.

Depuis près d'un an, le Premier ministre haïtien, qui doit s'exprimer vendredi soir devant l'Assemblée générale et qui est lui-même fragilisé à défaut d'élections dans son pays depuis 2016, réclame l'envoi d'une telle force.

Il s'en est entretenu lors d'une rencontre vendredi avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a insisté sur la nécessité de parvenir en parallèle à "un accord politique global" ouvrant la voie à des élections.

Reste que la communauté internationale, échaudée par les expériences passées et les risques de se retrouver piégé dans un bourbier meurtrier, peine à se mobiliser.

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