Accueil Guerre en Ukraine

Pourquoi l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN "paraît difficile"? Tout ce qu'il faut savoir sur l'organisation créée pour "se défendre face à l'URSS"

L'OTAN est au cœur des discussions internationales depuis plusieurs semaines. Entre la guerre en Ukraine, les négociations avec Donald Trump et les attaques de Vladimir Poutine... Mais au fond, qu'est-ce que l'OTAN ? Comment est née cette alliance de l'Atlantique Nord ? 

 

Serge Jaumain, historien à l'ULB et spécialiste des États-Unis, revient sur la création de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Tout a commencé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1949, lorsque l'Europe et l'Amérique décident d'unir leurs forces pour se protéger mutuellement.

Les Américains estiment que l'Europe doit "renforcer les dépenses militaires"

"La Deuxième Guerre mondiale a évidemment été un choc pour l'ensemble du monde, et la particularité, c'est qu'il y a eu une volonté d'un nombre important de diplomates d'essayer de construire quelque chose, la volonté d'avoir une alliance défensive", explique-t-il. "La guerre a traumatisé les populations", et face à la puissance et le menace de l'URSS, les craintes sont ravivées. "L'OTAN a été créé pour se défendre face à l'URSS", ajoute l'historien. 

Le traité est signé en 1949 et parmi les premiers pays signataires, se trouve... la Belgique. Le siège de l'OTAN va même être installé à Bruxelles, à Haren, à partir des années 70. À cette époque, des tensions éclatent, notamment du côté de la France, qui se retire du commandement militaire du traité en 1966. 

Face à ce retrait partiel de la France, dirigée par le général de Gaulle, la Belgique est désignée comme pays d'accueil du siège de l'organisation : "Il y avait une volonté de trouver un pays qui ne semble pas trop dangereux, qui ne fera pas d'ombre aux Français. Qui ne pèse pas trop lourd, quelque part. Et la Belgique va jouer là-dessus aussi pour les institutions européennes". 

L'article n°5 du traité

Au sein de l'OTAN, le principe de solidarité est de mise afin de "garantir la paix". L'article 5 le dit clairement : si l'un des membres est attaqué, les autres doivent lui venir en aide. 

"Il faut se rendre compte qu'à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, les États sont toujours très divisés. Il y a peu de liens, même si on va construire l'Union européenne. Ce n'est pas d'abord une union militaire, ce n'est pas une union économique ; il y a une volonté de renforcer les liens entre les États, et de se dire que si on se met ensemble, on est plus fort", explique Serge Jaumain."Mais l'Europe toute seule ne peut pas faire le poids face à l'URSS, c'est pour ça que l'on va avoir ce qu'on va appeler le parapluie américain". 

Le manque d'engagement financier des États

Les actuels 32 pays membres de l'OTAN doivent verser 2% de leur PIB (la richesse produite du pays) dans la Défense. Or, beaucoup d'entre eux ne le font pas. C'est le cas de la Belgique, qui fait partie des mauvais élèves. Nombreux sont les membres se reposant sur l'aide des États-Unis.

Mais problème : ces derniers estiment que les autres pays doivent être plus indépendants : "Du côté américain, on a un discours qui dit "On est toujours là comme parapluie, mais il faut que vous renforciez les dépenses militaires. On peut bien continuer la défense de l'Europe, mais il faut que vous investissiez davantage"".

L'Ukraine pourrait-elle un jour rejoindre l'OTAN ?

À cette question, Serge Jaumain est incertain : "Ça paraît difficile". "Il y a une forte volonté de la part de l'Ukraine, bien sûr, de rentrer pour être protégée", dit-il. "Mais la particularité, c'est qu'évidemment, il y a une compréhension du côté européen, que si les Ukrainiens veulent rejoindre l'OTAN, ce sera très difficile à accepter du côté russe. Et donc, il y a une volonté d'essayer de trouver des solutions intermédiaires qui peuvent être un soutien, un accord, sans être une adhésion". 

Seule certitude selon l'historien : "Il est clair que l'Ukraine est en train de se rapprocher de l'OTAN et c'est ce qui gên, bien sûr, fortement les Russes".

À retrouver également dans ce vidéocast : 

  • Les réactions des différents présidents des États-Unis face à l'OTAN
  • La menace soviétique
  • La fin du pacte de Varsovie 
  • L'externalisation des interventions de l'OTAN

À lire aussi

Sélectionné pour vous