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Candidate de l'opposition à la présidentielle du 2 juin, Xochitl Galvez incarne une ascension sociale rare au Mexique: une enfant pauvre de père indigène, vendeuse de rue dans sa jeunesse d'après son récit, devenue femme d'affaires prospère.
"C'est dans un bus comme celui-ci que j'ai quitté mon village pour tenter ma chance dans la capitale", raconte dans une vidéo l'ex-sénatrice de centre-droit, distancée dans les sondages par la candidate de la gauche au pouvoir Claudia Sheinbaum.
Née il y a 61 ans à Tepatepec, une bourgade rurale à 100 km au nord de Mexico, son enfance a été marquée par la violence d'un père alcoolique.
"Ils sont venus vivre ici parce qu'ils n'arrivaient pas à joindre les deux bouts", raconte sa cousine Norma Angélica Ruiz, dentiste de 68 ans, en traversant la maison des grands-parents.
"Comme il n'y avait pas de réfrigérateur, ils suspendaient les fameuses gélatines (qu'elle vendait dans la rue, ndlr) dans des paniers accrochés aux poutres", ajoute Mme Ruiz.
À 17 ans, elle part vivre à Mexico, où elle est admise en faculté d'ingénierie de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM, publique). "Le plus beau jour de ma vie".
Dans l'immense capitale, "Xochitl" découvre aussi les mains baladeuses d'obsédés sexuels dans le métro, à l'image des Mexicaines qui dénoncent à l'unisson les violences et le laissez-faire d'une société machiste.
Diplômée, elle créé une entreprise tournée vers la conception d'immeubles "intelligents" économes en eau et en énergie.
"Elle voulait devenir ingénieur en informatique et elle a réussi, car dans les années 80, c'était une branche qui commençait à peine", raconte sa cousine.
Son entreprise High Tech Services remporte des appels d'offre publics, ce qui a suscité des accusations de corruption de la part de l'actuel gouvernement.
La cheffe d'entreprise entre en politique en 2000, quand le président conservateur Vicente Fox la nomme directrice de la Commission nationale pour le développement des peuples indigènes.
A ce poste, elle expérimente la drogue rituelle du "peyote" ce qui lui a permis de "se trouver soi-même", a-t-elle raconté dans un podcast il y a quelques années. "Je me suis sentie très, très forte avec mon identité".
Fière de ses racines otomi, "Xochitl" (fleurs, en nahuatl) porte invariablement des "huipils", la blouse brodée traditionnelle. Certains lui dénient le statut d'indigène en raison de la blancheur de sa peau.
Maire d'un district de Mexico en 2015, sénatrice en 2018, Mme Galvez est devenue en juin 2023 la figure providentielle d'une opposition divisée face à l'hégémonie du Mouvement de la régénération nationale (Morena) au pouvoir.
- Vendre des gélatines ou danser le ballet -
Elle a lancé sa candidature après avoir été interdite d'accès au palais national, où elle voulait contredire le président Andrés Manuel Lopez Obrador lors d'une de ses conférences de presse.
Mme Galvez est soutenue par la coalition du PAN (droite), PRI (centre) et PRD (gauche), tout en gardant sa liberté de parole en faveur des aides sociales, de l'avortement ou des droits LGBT+.
Elle a pourtant salué en novembre la victoire du président ultra-libéral conservateur Javier Milei, adversaire déclaré de l'avortement en Argentine, avant de préciser qu'elle n'appartenait pas à "l'extrême droite".
Adepte du franc-parler, Mme Galvez a promis qu'elle aurait des "ovaires" pour lutter contre le crime organisé lors de sa pré-campagne.
Souriante, accessible, elle a su éviter les familiarités en campagne. "Les gens ne veulent pas d'un président qui dit des gros mots".
En retard dans les sondages, elle a lancé de virulentes attaques contre sa principale rivale Claudia Sheinbaum, la qualifiant de "narcocandidate".
"Pendant que tu dansais le ballet à l'âge de dix ans, moi je devais travailler", a-t-elle envoyé à sa rivale, une physicienne issue d'une famille de scientifiques de Mexico.
À l'université, elle a rencontré Rubén Sanchez son futur époux avec qui elle a eu deux enfants, Diana et Juan Pablo.
"J'ai une soeur en prison", a-t-elle dit lors d'un entretien en juin 2023. Accusée de l'enlèvement de deux personnes, sa soeur attend derrière les barreaux son procès depuis 2012.
"Je l'aime, c'est ma soeur", a ajouté la candidate, affirmant qu'elle lui rendait souvent visite et qu'elle s'était occupée de ses deux filles. "Toutes les deux nous venons de la même violence, d'un environnement complexe".