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Dans un cimetière de Sao Paulo, voyage de nuit dans l'histoire du Brésil

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Nelson ALMEIDA

Dans la nuit, à la lueur des téléphones, un cortège circule entre les tombes et voyage dans le temps. La frénésie de Sao Paulo, la plus grande mégapole d'Amérique latine, paraît bien loin.

Au cimetière de la Consolation, au coeur de la ville, un vendredi par mois une visite nocturne est organisée pour partir sur les traces de l'histoire du Brésil, à la rencontre de certains de ses personnages fameux.

Il sont environ 130 visiteurs, ce soir-là, à tenter l'aventure. Pas de billet d'entrée: il faut seulement apporter un kilo de nourriture, qui sera remise à des organisations caritatives.

Mégaphone à la main, Thiago de Souza prodigue explications et petites leçons d'histoire.

Cet avocat a eu cette idée en 2021, après la mort d'une proche emportée par le Covid-19.

"C'est quelque chose de thérapeutique pour moi. J'ai perdu une tante et je me suis mis à consommer ce type de contenu lié à la mort, aux fantômes. J'ai décidé de chercher un mécanisme pour tenter de dialoguer avec cela, pour me réconcilier avec ce sujet", explique-t-il à l'AFP.

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Nelson ALMEIDA

Fondé en 1858, le cimetière est le plus ancien de Sao Paulo, capitale économique qui a toujours joué un rôle de premier plan dans l'histoire politique, industrielle et culturelle du géant latino-américain.

Les grands personnages se succèdent.

A côté des ex-présidents Manoel Ferraz de Campos Salles (1841-1913) et Washington Luis (1869-1957), on trouve les tombes de la peintre Tarsila do Amaral (1886-1973), l'une des grandes figures du modernisme brésilien, et des écrivains Mario de Andrade (1893-1945) et Oswald de Andrade (1890-1954), deux géants des lettres brésiliennes.

- "Presque un musée" -

Parmi les quelque 8.500 tombes, on découvre aussi celle de Luis Gama (1830-1882), avocat noir et figure majeure de la lutte pour l'abolition de l'esclavage au Brésil.

"C'est presque un musée", s'enthousiasme Valeria Fernanda, styliste de 24 ans, qui ne voit rien de glaçant dans cette excursion sous la lune au milieu des morts.

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Nelson ALMEIDA

Au contraire, pour elle, cette visite "devrait être davantage connue et popularisée, il y a beaucoup de gens qui ont des tabous et peur des cimetières". De cette "expérience incroyable", elle retient notamment "les détails des tombes": "Je suis impressionnée par les moyens financiers dont disposaient certaines personnes enterrées ici".

L'un des clous de la promenade est l'impressionnant mausolée, considéré comme le plus grand d'Amérique latine, de la famille Matarazzo, une riche lignée d'industriels.

Dans les allées, de nombreuses oeuvres sont signées de sculpteurs brésiliens de renom, comme Victor Brecheret et Luigi Brizzolara.

Alain de Amaral, étudiant de 19 ans, a lui aussi goûté l'expérience. "J'ai appris beaucoup de choses que je ne savais pas", confie-t-il.

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Nelson ALMEIDA

Et puis, à côté de la grande Histoire et des tombeaux monumentaux, il y a Spike. Ce chien avait été abandonné dans le cimetière et avait fini par devenir le compagnon des employés du site et des visiteurs endeuillés.

Quand il est mort à son tour en 2022, le personnel a demandé une autorisation spéciale pour pouvoir l'enterrer sur place. Il est le seul animal à avoir eu cet honneur.

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