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Crues en Afghanistan: Jawed n'a plus qu'un enfant, sauvé par un arbre

Les crues subites qui ont dévasté la province de Baghlan, dans le nord de l'Afghanistan, ont emporté toute la famille de Jawed, hormis un fils qui a miraculeusement survécu en s'accrochant à un arbre.

De sa maison, il ne subsiste plus que l'entrée, a raconté samedi à l'AFP, en larmes, ce travailleur journalier de Pol-é Khomri, la capitale provinciale. Il était au travail quand on l'a prévenu des crues et est arrivé trop tard, "quand il ne restait plus rien".

"J'ai perdu cinq membres de ma famille, ma femme et quatre enfants. Mon plus petit avait deux mois... il s'est noyé dans les bras de sa mère ... et le plus âgé avait cinq ans", explique-t-il.

"Toute ma maison et toute ma vie ont été balayées", poursuit l'Afghan de 38 ans, "seul mon fils aîné, de neuf ans, a grimpé dans un arbre et a pu survivre".

"Hier j'ai retrouvé trois corps, ce matin un autre, et cet après-midi encore un", raconte-t-il.

Les cinq corps sans vie de la mère de famille et de ses enfants, dans des linceuls blancs, sont couchés les uns près des autres sur des tapis.

"Je suis ruiné, je ne veux plus rien de la vie maintenant", dit Jawed.

Les cinq membres de sa famille font partie des 200 à 300 personnes, selon les différents bilan des agences de l'ONU, tuées par les crues subites à Baghlan vendredi.

"Il y avait plus d'un millier de maisons dans notre quartier, mais la plupart ont été détruites parce qu'elles étaient sur la trajectoire des torrents d'eau", dit à l'AFP Burhanudin, qui parle sous un prénom d'emprunt.

"Les murs de ma maison ont été détruits", dit le fonctionnaire de 45 ans de Pol-é Khomri, et "toutes les boutiques de mon quartier ont été endommagées".

Mais ce chef d'une famille de neuf personnes a pu "rapidement (les) mettre en sécurité et emporter des affaires de première nécessité".

- Des montagnes de boue -

Sur les collines surplombant un village du district de Baghlan-Markazi, des familles survivantes sont assises dans l'herbe, les enfants collés contre leur mère, tous l'air hébété devant une telle tragédie.

Lailoma, une mère de sept enfants, a d'abord cru qu'"il y avait une éclipse solaire".

"C'était l'après-midi, je venais de coucher mon bébé, quand j'ai vu que le ciel était complètement noir", a raconté à l'AFP la mère au foyer de 36 ans.

"J'ai fermé les portes de la maison pour que la pluie n'entre pas. Mais il s'est mis à pleuvoir très fort. J'ai pris mes enfants et nous sommes partis".

"Tout a été emporté dans ma maison", poursuit Lailoma, "j'avais une vache... pour vendre son lait et nourrir mes enfants, mais la vache a été emportée et nous n'avons plus rien à manger depuis hier".

Au cimetière de Laqayi, des homme enturbannés se recueillent, accroupis, auprès des tombes fraîchement creusées des victimes de ces crues catastrophiques.

Au-dessus d'eux, le ciel couvert d'épais nuages est porteur de la menace de nouvelles pluies.

Dans le village de Laqayi, des hommes et même des enfants, armés de lourdes pelles, déblaient les montagnes de boue de l'intérieur des maisons qui ont pu résister au déferlement des crues.

Dans la cour intérieure d'une maison, un homme patauge dans des mares de boue jusqu'à mi-mollet. Un autre, bras croisés et visage tourné vers le sol, semble figé par ce spectacle de désolation.

Souvent, un épais magma d'eau et de terre marron est monté jusqu'au toit de ces maisons de plain-pied, généralement construites en pisé et peu résistantes.

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