Partager:
L'armée israélienne a mené jeudi de nouveaux bombardements meurtriers sur la bande de Gaza dévastée et assiégée, le Hamas palestinien faisant état de combats de rue à Rafah, quelques heures après que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a jugé un cessez-le-feu encore possible.
La guerre, entrée dans son 9e mois, ne connaît pas de répit. Et le front nord d'Israël avec le Liban a connu une nouvelle flambée de violences, l'armée israélienne menaçant de répondre "avec force" aux attaques du Hezbollah libanais qui a tiré des dizaines de projectiles contre des cibles militaires israéliennes.
Un plan de trêve à Gaza annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden n'a toujours pas vu le jour, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas campant sur leurs positions intangibles.
"Qu'avons-nous gagné de cette guerre à part tueries, destructions, extermination et famine?" s'exclame Oum Chadi, une Palestinienne de 50 ans, en pressant le Hamas de "mettre un terme à la guerre immédiatement, sans chercher à contrôler et diriger Gaza".
Alors que les espoirs d'un cessez-le-feu ont été régulièrement déçus, quelques habitants de Gaza, comme Oum Chadi, critiquent le Hamas et réclament une trêve à l'heure où le territoire palestinien est en proie à une crise humanitaire majeure avec une menace de famine.
A Jérusalem, des étudiants brandissant des photos d'Israéliens enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre contre Israël et retenus à Gaza, ont eux aussi appelé le gouvernement de Benjamin Netanyahu à arrêter la guerre et à ramener les otages à la maison lors d'une manifestation devant le Parlement.
Mais M. Netanyahu a maintes fois dit sa détermination à poursuivre la guerre jusqu'à la défaite du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
- "Nuit très violente" -
Jeudi dans la bande de Gaza, des tirs d'artillerie nourris et des frappes aériennes ont visé plusieurs secteurs, notamment Rafah, dans le sud à la frontière de l'Egypte, selon des correspondants de l'AFP.
La branche armée du Hamas a affirmé être engagée dans des combats de rue dans l'ouest de Rafah, où des témoins ont signalé des tirs d'hélicoptères Apache, d'autres décrivant "une nuit très violente" dans la ville.
Les soldats "poursuivent leurs opérations ciblées dans le secteur de Rafah", a indiqué l'armée, ajoutant avoir, mercredi, "éliminé plusieurs terroristes dans des combats rapprochés".
Israël avait présenté son offensive terrestre lancée le 7 mai à Rafah comme indispensable pour éliminer le Hamas, mais les combats ont repris ces dernières semaines dans plusieurs autres régions de Gaza, notamment dans le centre où trois corps ont été retrouvés dans une maison bombardée selon la Défense civile.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l'attaque lancée par le Hamas depuis la bande de Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure à Gaza qui a fait 37.232 morts dont 30 ces dernières 24 heures, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
- Appel du G7 -
Après plus de huit mois de guerre, les Etats-Unis s'efforcent d'obtenir un accord basé sur le plan annoncé par Joe Biden qui prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages retenus à Gaza et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.
M. Biden a présenté ce plan comme émanant d'Israël. Mais M. Netanyahu l'a jugé incomplet en réaffirmant la détermination de son gouvernement de détruire le Hamas et de libérer tous les otages.
De son côté, le Hamas a transmis aux pays médiateurs une première réponse qui n'a pas été divulguée. Selon une source proche des discussions, elle contient des "amendements" au plan, incluant "un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza". Des exigences qu'Israël a toujours rejetées.
M. Blinken a déclaré mercredi à Doha, dernière étape d'une énième tournée au Moyen-Orient depuis le 7 octobre, que "certains changements" réclamés par le Hamas étaient "réalisables, d'autres pas". Il a émis l'espoir de pouvoir "combler" le fossé entre les protagonistes.
Réunis en Italie, les dirigeants du G7 ont apporté leur soutien au plan annoncé par M. Biden, appelant le Hamas à "donner l'accord nécessaire" pour sa mise en oeuvre.
- Roquettes sur Israël et le Golan -
La guerre à Gaza a entraîné des violences entre le Hezbollah, un allié du Hamas, et l'armée israélienne, à la frontière israélo-libanaise, qui se sont intensifiées ces derniers jours.
Jeudi, le Hezbollah a lancé des attaques "avec des roquettes et des drones" contre plusieurs positions militaires dans le nord d'Israël et sur le Golan syrien occupé par Israël.
Le mouvement libanais a intensifié ses attaques depuis la mort d'un de ses commandants tué mardi dans une frappe ciblée israélienne dans le sud du Liban.