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Le meneur des manifestations étudiantes qui secouent le Bangladesh a appelé samedi à un vaste mouvement de désobéissance civile jusqu'à la démission de la Première ministre Sheikh Hasina, plus d'un mois après le début de la contestation qui a fait plus de 200 morts.
"Sheikh hasina ne devrait pas seulement démissionner, mais aussi comparaitre devant un tribunal pour meurtres, pillage et corruption", a lancé Nahid Islam, le leader de la coalition Sudents Against Discrimination (Etudiants contre la discrimination), devant des milliers de personnes dans le centre de Dacca.
La coalition, qui a organisé les premières manifestations contre des quotas d'emploi dans la fonction publique le mois dernier, a refusé plus tôt dans la journée la proposition de la Première ministre d'ouvrir des discussions et a exhorté les Bangladais à prendre part à la désobéissance civile dès dimanche.
"Cela inclut le non-paiement des impôts et des factures de services publics, des grèves des fonctionnaires et l'arrêt des envois de fonds à l'étranger via les banques", a précisé à l'AFP Asif Mahmud, membre de l'organisation étudiante.
Il est également demandé aux ouvriers des usines de confection, vitales pour l'économie du pays, de se mettre en grève.
"Ne restez pas chez vous. Rejoignez la manifestation la plus proche", a écrit Asif Mahmud, membre de l'organisation étudiante, sur Facebook.
Dans une des nombreuses manifestations organisées samedi à Dacca, Nijhum Yasmin, 20 ans, appelle à la démission de la Première ministre.
Elle "doit partir parce que nous n'avons pas besoin de ce gouvernement autoritaire", dit-il. "Avons-nous libéré le pays pour voir nos frères et soeurs abattu par ce régime?".
Au moins 206 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation en juillet, victimes pour la plupart de tirs des forces de l'ordre, selon un bilan de l'AFP à partir de données policières et hospitalières.
- Guerre de libération -
La campagne de désobeissance évoque délibérément celle menée pendant la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan en 1971.
Le père de Mme Hasina, Sheikh Mujibur Rahman, leader de l'indépendance du pays, était à l'origine de ce mouvement, dont les Bangladais se souviennent comme d'une fière bataille contre la tyrannie.
Dans ce pays musulman de 170 millions d'habitants comptant de nombreux diplômés au chômage, les étudiants exigent l'abolition d'un système de discrimination positive, accusé de favoriser l'embauche de proches du pouvoir dans l'administration.
Partiellement aboli en 2018, ce système a été restauré en juin par décision de justice, mettant le feu aux poudres, avant une nouvelle marche arrière fin juillet de la Cour suprême, au bout d'un mois de manifestations et de violences.
La crise sociale, largement pacifique au départ, s'est muée en crise politique à partir du 16 juillet, quand la répression a fait ses premiers morts. Les manifestants ont alors réclamé la démission de la Première ministre Sheikh Hasina, 76 ans, au pouvoir depuis 2009 et réélue en janvier après un scrutin sans véritable opposition.
Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l'arrivée au pouvoir de Mme Hasina. Pour rétablir l'ordre, son gouvernement a notamment déployé l'armée, coupé l'accès à internet et imposé un couvre-feu.
Son gouvernement est accusé par des groupes de défense des droits de l'homme d'utiliser les institutions de l'Etat pour consolider son emprise sur le pouvoir et éradiquer la dissidence, y compris en faisant procéder à des exécutions extrajudiciaires de militants de l'opposition.
Les autorités ont accusé les partis d'opposition d'avoir détourné les manifestations pour provoquer des troubles.