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La police arménienne a annoncé l'interpellation de 151 manifestants qui tentaient lundi matin de bloquer des axes routiers de la capitale Erevan pour protester contre la décision du gouvernement de céder des terres à l'Azerbaïdjan, voisin et grand rival, dans le cadre de pourparlers de paix.
Plus tôt, les forces de l'ordre avaient évoqué 88 premières interpellations pour "refus d'obtempérer". Selon la même source, aucune rue d'Erevan n'est actuellement bloquée.
Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés lundi selon des journalistes de l'AFP, qui ont vu des policiers procéder à des interpellations dans la rue.
Les autorités arméniennes, en quête d'un accord de paix pour apaiser enfin des décennies de différends territoriaux et de conflits armés avec Bakou, ont approuvé la restitution de villages frontaliers saisis par leur armée dans les années 1990.
Mais cette décision, perçue par certains comme une concession inutile, a entraîné une marche depuis la région concernée de Tavouch, qui a culminé par une manifestation de dizaines de milliers de personnes le 9 mai. Durant le week-end, d'autres rassemblements ont eu lieu à Erevan.
Avant cela, le gouvernement arménien avait fait face à des semaines de manifestations, certaines bloquant par moment le principal axe nord-sud du pays, reliant l’Arménie à la Géorgie.
Le meneur du mouvement "Tavouch au nom de la patrie" est l'archevêque de cette région, Bagrat Galstanian, 52 ans, qui réclame la démission du Premier ministre Nikol Pachinian.
M. Galstanian, très respecté par ses fidèles, possède la double nationalité arménienne et canadienne, pays où il a passé une partie de sa carrière ecclésiastique. Il a également fait des études au Royaume-Uni.
- Pourparlers de paix -
L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont déjà affrontés dans deux guerres pour le contrôle d'une région azerbaïdjanaise, le Haut Karabakh.
La première dans les années 1990, remportée par l'Arménie, avait fait plus de 30.000 morts, et la deuxième en 2020, gagnée par l'Azerbaïdjan, a fait plus de 6.000 morts.
Puis en septembre 2023, Bakou a déclenché une offensive éclair qui a contraint les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh à capituler en quelques jours.
L'Azerbaïdjan a ainsi repris le contrôle de l'ensemble de ce territoire, après une trentaine d'années de conflit, un victoire pour le président Ilham Aliev.
Dans la foulée, les négociations bilatérales se sont accélérées sans pour autant aboutir à un accord de paix global entre les deux pays. C'est dans ce cadre que Erevan doit remettre des villages conquis au dépens de son voisin dans les années 1990.
Les deux rivaux ont entrepris notamment fin avril des travaux communs de délimitation de la frontière.
Des pourparlers ont aussi réuni au Kazakhstan durant le week-end les ministres arméniens et azerbaïdjanais des Affaires étrangères.
L'Azerbaïdjan est largement mieux armé que l'Arménie grâce à sa manne pétrolière et il dispose aussi du soutien de la Turquie.
L'Arménie, bien plus pauvre, considère que son allié traditionnel, la Russie, l'a abandonnée face à Bakou et s'est tournée depuis davantage vers l'Europe qui joue un rôle de médiateur dans les pourparlers de paix.
Outre les villages de la région de Tavouch, l'Azerbaïdjan réclame la création d'un couloir à travers la région arménienne de Siounik (sud) afin d'avoir une liaison terrestre avec son enclave du Nakhitchevan.
De son côté, Erevan demande l'enclave d'Artsvashen (Bashkend en azéri), située en territoire azerbaïdjanais et contrôlée par Bakou depuis les années 1990, ainsi que les zones conquises par l'Azerbaïdjan au cours des trois dernières années et qui se trouvent à l'intérieur des frontières arméniennes.