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Avec la crise politique en France, on a l'impression d'assister à un remake du film "Un jour sans fin". Une journée qui se répète infiniment. Hier, en fin d'après-midi, tout semblait bouclé autour de la nomination de Xavier Bertrand au poste de Premier ministre. Mais le président Macron n'a finalement nommé personne. Ce matin, tout recommence à zéro avec de nouveaux noms qui circulent.
Aujourd'hui, c'est le nom de Michel Barnier qui revient avec insistance. Ne me demandez pas comment Emmanuel Macron l'a sorti de son chapeau, mais son nom a commencé à circuler en début de soirée avant d'être repris partout. Un scénario qu'on a déjà connu vendredi avec Bernard Cazeneuve, puis lundi avec Laurent Wauquiez et puis hier avec Xavier Bertrand. "Caramba, encore raté", aurait dit un héros d'Hergé.
L'équation est toujours la même, la France Insoumise et le Rassemblement National, les deux extrêmes du spectre politique, annoncent qu'ils voteront une motion de censure. Or, à eux deux, ils rassemblent à peu près 330 députés sur 577, la majorité est à 289, le gouvernement serait immédiatement renversé.
Un défi pour Macron
Le défi d'Emmanuel Macron est de trouver un candidat ou une candidate qui ne déclencherait pas le veto d'un de ces deux groupes parlementaires.
Côté gauche, il existe, c'est François Ruffin, mais tous les autres partis n'en veulent pas, donc exit François.
Côté droit, le chef de l'État pensait avoir trouvé la perle rare avec Xavier Bertrand. Mais il existe une inimitié profonde entre le président des Hauts-de-France et la fille de Jean-Marie Le Pen qui s'affrontent depuis des années sur le même territoire. Donc, bye bye Xavier.
Michel Barnier
Et voilà donc Michel Barnier. Ce Savoyard de 72 ans, gaulliste à l'ancienne, est entré en politique à 18 ans. Il a pratiquement tout fait, élu local, député, sénateur, ministre plusieurs fois sous Balladur et sous Chirac, commissaire européen à deux reprises et récemment négociateur du Brexit pour l'Union Européenne. Ça devrait l'aider à manœuvrer sur la mer démontée d'une Assemblée tonitruante. Et il en a vu d'autres.
Le pari de Macron, c'est que le Rassemblement National s'abstienne lors du vote de censure qui sera déclenché par la gauche. Ça suffirait, puisqu'en France, le Premier ministre n'a pas besoin, pour se maintenir au pouvoir, d'une majorité pour, il faut juste qu'il n'ait pas de majorité contre.
Du déjà vu
Ainsi, autrefois, Michel Rocard, Édith Cresson, Pierre Bérégovoy, Élisabeth Borne et aujourd'hui Gabriel Attal ont pu gouverner sans majorité. Or, jusqu'à présent, le Rassemblement National n'a pas déclenché de tir de barrage contre Michel Barnier.
On va voir si, comme dans "Un jour sans fin", il va réussir à passer une nuit entière. Cela dit, il y a peut-être une sorte d'incantation magique dans ce choix. Emmanuel Macron veut maintenir à tout prix l'esprit olympique. Or, et c'est un hasard, Michel Barnier fut en 1992 l'organisateur des Jeux olympiques d'Albertville.