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En France, la classe politique attend toujours, avec impatience, la nomination d'un Premier ministre. Les consultations des chefs de la droite républicaine mercredi et celles des représentants des élus locaux hier n'ont pas débloqué la situation. Depuis la Serbie, où il est d'ailleurs en voyage officiel, Emmanuel Macron a laissé entendre qu'il tranchera d'ici dimanche.
Interrogé à Belgrade, le président de la République ne s'est pas contenté d'annoncer la vente de 12 Rafale à la Serbie. Il a accepté de répondre à une question sur la crise politique. Et là, il a assuré faire, je cite, "tous mes efforts, les jours et les nuits, et je l'ai fait depuis des semaines, pour aboutir à la meilleure solution pour le pays".
Quand on lui a demandé à quel moment il se déciderait, il a botté en touche en promettant qu'il parlerait aux Français en temps voulu, et dans le bon cadre. Ce pourrait donc être ce dimanche.
Concrètement, il va rentrer de Serbie cet après-midi et passera probablement le week-end à La Lanterne, sa résidence officielle de Versailles. J'aime à l'imaginer, dans son salon, lançant par terre, à droite ou à gauche, les photos des candidats à Matignon, un peu comme dans le feuilleton Mission Impossible, quand au début des épisodes, le chef constitue son équipe. Eh bien, il peut rajouter une photo sur le tapis, celle de Ségolène Royal, tout d'un coup sortie de sa boîte et qui a déclaré hier qu'elle était disponible.
Quant aux ministres démissionnaires, certains rêvent de partir enfin en vacances, mais d'autres ambitionnent de rester en place. Ce serait le cas des titulaires des Affaires étrangères et de la Défense, mais aussi de certaines personnalités, comme Rachida Dati, qui ont, comme on dit, un goût de trop peu. Pour Dati, on verra, mais elle pourrait être une passerelle entre le président et la droite, dont elle est issue.
Quant aux deux ministres régaliens, il est de tradition de laisser le président en décider, même en cas de cohabitation. À ce stade, leur maintien est plausible, car quelle que soit la coalition choisie, le parti macroniste y sera convié.
Pour autant, le président a répété à ses visiteurs qu'il avait compris le message des élections et qu'il fallait changer d'orientation politique, ce qui laisse la porte ouverte à la nomination d'une personnalité issue de la gauche, mais pas Lucie Castets qu'il a écartée depuis lundi. Le nom le plus souvent cité est celui de Bernard Cazeneuve, ex-premier ministre de François Hollande. La droite ne s'y opposerait pas, mais tout juste. Le Nouveau Front Populaire et plus particulièrement le PS pourrait, lui, se déchirer sur ce nom.
Quant à Marine Le Pen, depuis l'Assemblée nationale, elle se voit jouer les arbitres. Oui, à y réfléchir, c'est bien une mission impossible.