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En France, c'est la fin d'une saga qui a duré presque deux mois, Emmanuel Macron a enfin désigné son nouveau Premier ministre et c'est finalement le dernier nom pressenti qui l'a emporté. Michel Barnier, 73 ans, membre du parti républicain, parlementaire depuis 1978, plusieurs fois ministre et ancien commissaire européen, il est surtout connu hors de France pour avoir négocié le Brexit. Ses qualités d'écoute et de dialogue lui seront bien utiles, ne serait-ce que pour constituer son gouvernement.
La première tâche de Michel Barnier
La constitution française stipule que le Président de la République désigne le Premier ministre et qu'il exerce seul ce pouvoir. Elle prévoit que le chef de l'Etat nomme aussi les ministres, mais sur proposition du Premier ministre. La première tâche de Michel Barnier va donc être de constituer son équipe. Quand le Président a une majorité au Parlement, ça se fait à deux, pendant une semaine tout au plus. Il y a une navette entre Matignon et l'Elysée pour établir la liste. En cas de cohabitation, et la situation actuelle est une sorte de cohabitation, le Premier ministre a plus de latitude. Seuls les ministères de la Défense et des Affaires étrangères font, par courtoisie, l'objet d'un consensus.
Le problème de Michel Barnier, c'est qu'il ne peut pas choisir uniquement des membres de son parti, qui ne compte que 47 députés sur 577. Il va devoir faire appel au camp macroniste. Et certains ministres sortants, comme Rachida Dati à la culture, ont déjà exprimé leur souhait de rester en place. Il pourrait aussi associer le parti Horizons d'Edouard Philippe et d'autres petits groupes centristes. En revanche, il y a peu de chance qu'il arrive à décrocher des personnalités de gauche, tant sa nomination a mis le Nouveau Front Populaire en colère. Peut-être un ou deux dissidents socialistes, mais ce serait du débauchage individuel. Il lui faudra aussi rédiger un programme de gouvernement et un projet de budget qui recueilleraient l'adhésion de la droite et du centre.
Macron n'aime pas qu'on lui force la main
En fait, si l'on compare à la Belgique, hier Emmanuel Macron n'a pas nommé un Premier ministre, mais une sorte de formateur. Sauf que le formateur n'existe pas en France et que Michel Barnier dispose déjà de toutes les prérogatives de sa fonction. Il devrait, dès aujourd'hui, signer quelques décrets en attente. Une fois le gouvernement formé, il lui faudra affronter l'Assemblée nationale et une première motion de censure dont la gauche a déjà annoncé le dépôt. Pour l'instant, il n'est pas prévu que la Chambre se réunisse avant le 1er octobre. La présidente de l'institution et plusieurs partis ont réclamé la tenue d'une séance extraordinaire tout de suite. Mais c'est une prérogative de l'Elysée. Et Emmanuel Macron n'aime pas qu'on lui force la main. Il aime bien dire "non". C'est son côté sale gamin. Il faut dire que quand Michel Barnier a été élu député pour la première fois en 1978, il avait 4 mois.