Accueil Actu Monde France

Signé Giltay: la Légion d'honneur de Thierry Ardisson fait grincer des dents

Doit-on réserver la Légion d'honneur à des hommes ou des femmes ayant accompli des actes de courage ou d'héroïsme ou qui ont réalisé des œuvres exceptionnelles ? C'est tout le débat qui secoue la France depuis l'attribution hier de la célèbre croix à l'animateur de télé Thierry Ardisson.

Plusieurs féministes se sont offusquées de cette distinction en rappelant que Thierry Ardisson traitait très mal les femmes dans ses émissions en première partie de soirée d'il y a plus de 20 ans. La Légion d'honneur a été instituée le 19 mai 1802 par le premier consul Napoléon Bonaparte. C'est ce qu'on pense depuis ses origines, les militaires comme les civils ayant rendu des services éminents à la nation.

Au sens propre, ce fut une décision révolutionnaire puisque toutes les décorations avaient été supprimées avec la monarchie, dont le célèbre ordre de Saint-Louis. Le débat fut d'ailleurs vif à l'époque, les jacobins s'y opposant, car ils y voyaient l'instauration d'une nouvelle noblesse. Pour le futur empereur, qui rétablira d'ailleurs plus tard la noblesse, c'était d'abord une manière d'honorer les militaires.

On en est bien loin, certes. Elle est toujours décernée à des militaires montés au combat, ou des héros comme le colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, qui s'est sacrifié pour sauver la vie d'un otage en mars 2018.

Mais le panel s'est beaucoup élargi. Ainsi, 2650 croix ont été délivrées entre 2021 et 2023, artistes, sportifs, chefs d'entreprise, personnages médiatiques, et donc parmi les promus de cette année, Thierry Ardisson. Célèbre animateur de télévision, mais qu'on ne peut pas qualifier pour autant de grand artiste populaire.

Ce qui n'est pas le cas de Michel Sardou, qui va lui devenir en juin, grand officier de l'ordre national du mérite. Là aussi, il y a polémique et on fustige pas mal dans la presse de gauche, un personnage qui incarne une France d'autrefois, assez machiste, voire homophobe.

Souvenez-vous de la folle du régiment, mais personne ne peut contester son succès ni sa popularité. A ce sujet, Emmanuel Macron a aussi décoré récemment Sheila, saluant au passage sa qualité d'icône yéyé.

Mais revenons à Ardisson. On lui reproche surtout une émission du début des années 2000, dans laquelle il avait particulièrement maltraité l'autrice Christine Angot, qui venait de sortir son premier livre, L'Inceste. Le ton d'Ardisson et de ses chroniqueurs comme Baffie était toujours provocateur.

Plus c'était gros, plus c'était bon. Les invités étaient souvent victimes de sarcasme ou de gros mots, avec régulièrement des allusions de type sexuel. C'est ce qui s'est passé pour Christine Angot, qui finalement a quitté le plateau. Thierry Ardisson lui lançant "Christine, Christine, bah pourquoi, on s'amusait bien nous!" Réponse "Eh ben moi non".

Ardisson, monarchiste revendiqué, s'est réjoui de sa décoration républicaine. D'ailleurs, tout le monde en parle.

À lire aussi

Sélectionné pour vous