Partager:
En France, l'événement politique du jour sera le débat télévisé ce jeudi soir entre la tête de liste du Rassemblement National, Jordan Bardella, et le Premier ministre, Gabriel Attal. Ils vont s'affronter autour des élections européennes, justement. Actuellement, les sondages donnent le Rassemblement National largement en tête. C'est pourquoi Emmanuel Macron a demandé à son Premier ministre de s'investir dans la campagne alors qu'il n'est pas lui-même candidat.
Une préfiguration d'un futur combat présidentiel
"C'est le match entre deux jeunes premiers, Gabriel Attal, 35 ans, Jordan Bardella, 28. On peut y voir une préfiguration d'un futur combat présidentiel". D'habitude, les débats autour des européennes mettent en scène toutes les têtes de liste. Limiter l'affrontement aux deux parties en tête des sondages, ça ressemble à un deuxième tour. Alors qu'aux européennes, le scrutin se tient à la proportionnelle et qu'il n'y a pas de second tour.
Raphaël Glucksmann, la tête de liste des socialistes, a protesté et demandé à être invité. Son parti, en effet, talonne celui d'Emmanuel Macron. Au dernier sondage publié ce jeudi matin par Le Figaro, Bardella caracole en tête avec 32,5% des voix, devant Valérie Haillet, la candidate de la majorité, qui n'est plus donnée qu'à 16%, juste devant l'EPS à 15%.
C'est bien l'ennemi à abattre
Quand on interroge les proches de Gabriel Attal sur la légitimité de ce match, ils répondent tout simplement que le RN est le premier parti d'opposition à l'Assemblée nationale et que sa fondatrice a affronté deux fois le président Macron à la présidentielle. C'est donc bien l'adversaire principal, l'ennemi à abattre. Pour ce faire, le Premier ministre va essayer de concentrer le débat sur les questions européennes.
Certes, Jordan Bardella est député européen sortant, mais on ne l'a pas beaucoup vu ces dernières années, ni à Strasbourg, ni à Bruxelles. Quant à sa campagne, elle est axée sur les questions nationales, l'insécurité, la dégradation du pouvoir d'achat et celle des finances publiques.
Le RN proche de Poutine ?
Un thème devrait néanmoins dominer le débat, l'asile et l'immigration, un sujet à la fois national et européen. Gabriel Attal souhaite également mettre sur la table l'attitude du RN concernant la guerre en Ukraine. Même s'il s'en défend, le parti a été longtemps considéré comme proche de Poutine et il y a quelques années, Marine Le Pen avait contracté un prêt dans une banque russe pour financer sa campagne présidentielle.
Le Premier ministre a demandé à ses équipes et à ses députés européens de lui faire remonter des fiches, notamment sur la transition écologique et les défis économiques face à la concurrence chinoise. Mais Bardella n'est pas en reste. Il serait enfermé depuis cinq jours avec ses conseillers pour bûcher à fond ses dossiers. A noter que les deux hommes souhaitaient ardemment ce débat qui va les propulser dans une autre dimension médiatique. C'est comme une fable de La Fontaine dont le titre pourrait être "Les dauphins qui se voulaient gros poissons".