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Signé Giltay - 80 ans du Débarquement: l'Ukraine invitée, pas la Russie

Il y a 80 ans, les troupes alliées débarquaient sur les côtes normandes pour libérer l'Europe du régime nazi. Les cérémonies étalées sur trois jours connaissent leur point d'orgue ce jeudi avec la présence d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement. Après avoir longtemps hésité, la France a finalement décidé de ne pas inviter la Russie. Au cours des années, ces commémorations du débarquement ont pris un tour politique qu'elles n'avaient pas au début.

C'est paradoxal, mais plus l'événement s'éloigne, plus il est célébré. À chaque décennie, les cérémonies sont de plus en plus grandioses avec des reconstitutions historiques et des retransmissions télévisées qui durent des heures.

Ce n'était pas le cas dans les années qui ont suivi la fin de la guerre. Au début, les commémorations étaient essentiellement militaires. Ainsi, quand il était au pouvoir, le général de Gaulle n'y assistait pas.

Il nourrissait toujours le ressentiment de ne pas avoir été étroitement associé au débarquement où il y avait des Français héroïques, certes, comme les commandos Kieffer, mais peu nombreux par rapport aux dizaines de milliers de soldats américains et britanniques. De surcroît, dans la construction de sa légende, de Gaulle considérait que la date historique, c'était le 18 juin 1940, le jour de son célèbre appel à la résistance.

De son point de vue, il ne fallait pas trop insister sur le rôle des alliés. La France s'était libérée toute seule ou presque. En fait, c'est François Mitterrand qui a fait de l'événement un rendez-vous politique pour le 40e anniversaire en 1984. Il avait convié des chefs d'État de pays qui avaient effectivement débarqué en juin 1944.

Parmi eux, le président Reagan, bien sûr, mais aussi le roi Baudouin et le grand-duc Jean de Luxembourg qui avait lui-même participé au combat. La position de François Mitterrand était résolument atlantiste et le 6 juin fut célébré comme une grande fête de l'amitié entre les États-Unis et l'Europe occidentale.

Le mur de Berlin n'était pas encore tombé. C'était une autre époque. Après la chute du mur, la commémoration a encore changé. Il y a dix ans, François Hollande avait invité Vladimir Poutine au milieu d'un panel de chefs d'État qui s'était beaucoup élargi. Pourtant, il venait d'annexer la Crimée, mais il était encore possible de célébrer le rôle de l'Armée rouge dans la défaite de l'Allemagne.

L'URSS fut le pays à avoir payé le plus lourd tribut de l'ordre de 20 millions de morts. En 2014, le 6 juin avait permis la mise sur pied du processus dit de Normandie entre la Russie, l'Ukraine, la France et l'Allemagne. Il a débouché sur les accords de Minsk qui n'ont hélas pas empêché la reprise de la guerre en 2022.

Résultat: cette année, l'Ukraine est invitée et pas la Russie. Et le bruit des armes se fait de nouveau entendre. 80 ans plus tard, le jour J résonne étonnamment avec notre époque.

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