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Budget, urgences, pénurie de médecins: les dossiers en souffrance à la Santé

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Fred TANNEAU

Financement de la Sécurité sociale, services d'urgences exsangues, désertification médicale mais aussi "santé mentale" dont le Premier ministre Michel Barnier veut faire la "grande cause nationale" en 2025: la nouvelle ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a devant elle des défis immenses et un budget toujours plus serré.

- Urgences

Partiellement éclipsée cet été par les Jeux olympiques, l'asphyxie chronique des services d'urgences perdure.

Pénurie de personnels, manque de lits d'aval dans les services pour absorber les flux entrants, rendez-vous introuvables en ville: les patients s'accumulent sur des brancards et les soignants s'épuisent. A l'été 2023, un service sur deux avait dû fermer au moins une fois pendant l'été, selon Samu urgences de France.

D'après un baromètre de la Fédération hospitalière de France (FHF), 46% des établissements estiment que la situation des urgences ne s'est pas améliorée en 2024, et 39% qu'elle s'est dégradée.

Diverses méthodes ont été mises sur la table: filtrage strict des patients via le 15, mise en place du SAS, Samu amélioré associant la médecine de ville, revalorisation des gardes de nuits et weekends. Sans parvenir à stopper l'hémorragie.

- Déserts médicaux

Autre sujet brûlant: la désertification médicale et les inégalités d'accès aux soins, à l'origine chez beaucoup de Français d'un sentiment d'abandon.

L'exécutif précédent s'est engagé dans un mouvement de délégations de tâches médicales à d'autres soignants (infirmières, sage-femmes, pharmaciens...) pour reconquérir du temps médical. Deux lois ont été votées mais certains décrets d'application manquent.

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PATRICK BERNARD

La dissolution a aussi mis à l'arrêt des réformes attendues, comme la refondation du métier d'infirmière.

Expérimentation de l'accès direct aux médecins spécialistes, sanction pour les patients qui n'honorent pas leurs rendez-vous médicaux, augmentation du nombre d'étudiants en médecine: Matignon a multiplié les promesses, dont beaucoup restent à concrétiser.

D'autres idées sont potentiellement inflammables, comme celle, défendue par la gauche, de réguler l'installation des médecins sur le territoire, un chiffon rouge pour les intéressés.

- Déficit

Le coût de la Santé augmente, sous l'effet notamment du vieillissement de la population, mais elle n'est pas financée. Le déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale devrait se creuser à 11,4 milliards d'euros en 2024, sans perspective d'amélioration.

La pression de l'inflation des dépenses de santé ne s'exerce pas seulement sur la Sécurité sociale, mais aussi sur les complémentaires santé, qui n'en finissent plus de tirer la sonnette d'alarme... et d'augmenter leurs cotisations (+8,1% en 2024, selon la Mutualité française).

Entre serrage de ceinture et besoins croissants, le budget de la Sécu pour 2025, dont la préparation a déjà pris du retard en raison de la crise politique, aura tout d'une quadrature du cercle.

- Etrangers

La nouvelle ministre doit aussi trancher la question sensible de l'Aide médicale d'Etat (AME), dispositif qui prend en charge les dépenses de santé des étrangers en situation irrégulière en France depuis trois mois. Largement défendue à gauche, l'AME est fustigée par le RN et la droite, qui a déjà tenté de la supprimer via la loi immigration fin 2023.

Avant d'être nommé Premier ministre, Michel Barnier a lui-même plaidé pour une suppression.

Le gouvernement démissionnaire avait par ailleurs prévu de rénover la procédure d'embauche des médecins diplômés à l'étranger (Padhue), qui exercent à l'hôpital sous des statuts précaires.

- Fin de vie

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Pascal POCHARD-CASABIANCA

Introduire dans la loi une aide à mourir était l'une des grands dossiers sociétaux portés par le président de la République Emmanuel Macron. L'exécutif devra reprendre en main le projet de loi, présenté au Conseil des ministres en avril mais laissé depuis en suspens. Les députés RN y sont majoritairement hostiles.

- Psychiatrie

Promesse d'Emmanuel Macron pour soigner le secteur délabré de la psychiatrie, un CNR (conseil national de la refondation) sur la santé mentale devait être organisé cet été, alors que deux millions de Français sont pris en charge en psychiatrie chaque année et que la prévalence des troubles anxieux explose. Il a finalement été annulé par la dissolution.

Mais le Premier ministre a promis dimanche soir sur France 2 de faire de la santé mentale la "grande cause nationale" de 2025, sans plus de précisions.

- Médicaments

Dans un contexte de pénuries de médicaments et d'efforts pour défendre la souveraineté sanitaire, le futur exécutif devra gérer un dossier sensible: la scission du pôle des médicaments sans ordonnance de Sanofi, dont fait partie le très populaire Doliprane.

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