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Le débat fait rage depuis 48 heures à Paris. Faudra-t-il, après sa réouverture en décembre, faire payer les visites à Notre-Dame de Paris ? La proposition de la ministre de la Culture, Rachida Dati, de demander 5 euros à l'entrée de la cathédrale s'est vue opposer une fin de non-recevoir de la part des autorités catholiques au nom de la liberté du culte. Pourtant, dans le monde, bien des édifices religieux font payer leurs visiteurs.
Si vous allez à Londres et que vous visitez la célèbre cathédrale Saint-Paul, vous débourserez 20 livres sterling, soit 24 euros. En Italie, à la cathédrale de Florence, le célèbre Duomo, c'est 20 euros. En Espagne, à Séville, la cathédrale est un peu moins chère, 17,50 euros. En revanche, l'église mère de la religion catholique, la basilique Saint-Pierre à Rome, peut se visiter gratuitement à condition de faire deux heures de queue. Mais la chapelle Sixtine est payante.
Notre-Dame de Paris, elle, a toujours été librement ouverte. C'est un principe appliqué dans toutes les églises de France au nom de la loi de 1905 sur la laïcité. Elle organise la séparation de l'église et de l'État, mais assure aussi la liberté des cultes. Or, l'église catholique ne fait pas la distinction entre croyants et touristes. Les visiteurs sont tous des pèlerins en puissance. Si la France ne manque pas de cathédrales gothiques plus belles les unes que les autres, comme Reims, Rouen, Amiens, Nantes, Strasbourg, etc.
Notre-Dame de Paris est la plus connue au monde, grâce à la publicité que lui a faite un certain Victor Hugo, relayé plus tard par une société de dessins animés fondée par un Américain, Walt Disney. Avant son incendie en 2019, Notre-Dame recevait 12 millions de visiteurs par an, venus se recueillir, bien sûr, mais aussi admirer l'édifice et mettre leur pas dans ceux de Quasimodo et d'Esmeralda.
La proposition de Rachida Dati aurait, selon le ministère, rapporté 75 millions d'euros annuels. Cet argent serait allé à Notre-Dame, mais aussi à l'ensemble du patrimoine architectural catholique français qui en a bien besoin. En effet, et c'est toujours la loi de 1905, en France, l'État ne finance aucun culte. En revanche, la plupart des églises appartiennent aux communes qui ont bien du mal à payer leur entretien.
Et pourtant, l'archevêché de Paris a opposé à Rachida Dati une fin de non-recevoir dans un communiqué sans appel. D'autres voies peuvent être explorées que celle qui consiste à taxer les visiteurs de Notre-Dame pour un prix qui n'a rien d'anecdotique et conduirait immanquablement des personnes à renoncer à visiter une cathédrale par nature, ouverte à tous. Et pourtant, même Stéphane Bern, monsieur patrimoine, y était favorable, à condition que l'accès aux messes reste gratuit. L'archevêché négocie avec les autorités pour éventuellement rendre payantes certaines parties de l'édifice. C'était d'ailleurs déjà le cas avant pour l'accès des tours à 10 euros.
La réouverture de Notre-Dame aura lieu début décembre. Et pour l'instant, à ce sujet, la messe n'est pas encore dite.