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Orléans: le silence des évêques pointé au procès d'un ex-prêtre jugé pour viols sur mineurs

"Une chape de silence", l'injonction de "ne pas en parler": au procès d'un ancien prêtre, accusé de plusieurs viols et agressions sexuelles sur des jeunes garçons, la cour d'assises du Loiret est longuement revenue mardi sur le silence des responsables du diocèse d'Orléans.

L'accusé, Olivier de Scitivaux de Greische, aujourd'hui âgé de 64 ans, comparaît libre devant la cour.

Le sexagénaire, ordonné prêtre en 1989 avant d'être relevé de ses fonctions et renvoyé à l'état laïc depuis la révélation des faits, est accusé de "viols et attouchements sexuels" commis, dans les années 1990 et 2000, sur trois plaignants qui étaient âgés de moins de 15 ans à l'époque et sur lesquels il avait "autorité".

Pour un quatrième, la justice a relevé la prescription des faits.

Selon les victimes qui se sont constituées parties civiles, Olivier de Scitivaux de Greische s'introduisait dans les cabines de douche pour les observer, obligeait les enfants à faire des fellations, les masturbait et parfois les violait, en marge des activités paroissiales ou lors de colonies de vacances à Perros-Guirec (Côtes-d'Armor).

Ces faits, qui se sont produits jusqu'au début des années 2000, avaient été dénoncés en vain dès 1997 dans des courriers de mères de famille, ou par des animatrices de l'aumônerie en 1998.

- "Des chahuts en tripotant" -

"Il jouait à touche-touche avec les garçons", "on parlait de chahut mais des chahuts en tripotant", confie Marie-Paule, responsable de l'aumônerie à l'époque, qui regrette que ses alertes n'aient pas été entendues par l'évêque de l'époque, Gérard Daucourt.

"Ordre m'avait été donné de me taire", ajoute la retraitée, "on me reprochait de ne pas avoir des faits précis mais ce que j'avais aujourd'hui s'appelle des signaux faibles".

Bousculé par les avocats des plaignants, Mgr Daucourt, désormais évêque de Nanterre, dit avoir "cru à la dénégation" d'Olivier de Scitivaux de Greische et considéré "qu'il n'y avait rien de grave".

"Je n'avais ni plainte ni preuve", se défend-il.

Son successeur, Mgr Jacques Blaquart, destinataire dès 2012 d'une lettre faisant état de possibles "agissements" pédocriminels dans son diocèse, n'a lui saisi la justice qu'en 2018.

Il y avait une forme de "sidération" et la "chape de silence" qui prévalait alors dans l'Eglise, explique-t-il.

"Je n'ai pas fait assez, j'aurais dû mieux faire", "il y avait une naïveté de ma part", a-t-il concédé devant la cour.

Interrogé par le président mardi matin, l'accusé a espéré que le jugement permettra aux victimes de "repartir dans la vie avec moins de choses sur le coeur".

L'ancien prêtre, qui avait expliqué aux enquêteurs avoir besoin de "montrer des gestes d'affection" au cours desquels ses mains "peuvent aller fortuitement vers le sexe ou les fesses" des jeunes garçons, risque jusqu'à 20 ans de réclusion.

Le verdict est attendu vendredi soir et les plaignants ainsi que leurs proches seront entendus dès mercredi par la cour d'assises.

L'Eglise catholique est depuis des années secouée par des scandales de pédocriminalité dans le monde entier, et régulièrement accusée de fermer les yeux sur eux et d'ignorer les victimes.

En France, la Conférence des évêques de France avait annoncé une série de mesures en novembre 2021 pour lutter contre ce fléau et mis en place une indemnisation individuelle pour chaque victime.

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