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L'avocat Bruno Questel quitte la Ciivise dont les membres se sont "désolidarisés" de lui après qu'il a défendu au tribunal en tant qu'avocat un père incestueux, a-t-on appris vendredi de sources concordantes, une nouvelle démission au sein de cette institution fragilisée.
L'hebdomadaire Le Courrier de l'Eure avait révélé cette semaine que Me Questel, nommé en avril au sein du collège directeur de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), avait assuré la défense d’un père jugé pour inceste au tribunal d’Evreux le 16 mai. L'homme a été condamné.
"J’ai accepté d’assurer sa défense car je ne sais pas. On ne sait pas ce qui s’est exactement passé. (...) S’il a commis une faute, c’est d’avoir dormi avec sa fille", avait déclaré l'avocat dans sa plaidoirie, cité par le journal.
Jeudi soir, les membres de la Ciivise ont indiqué dans un communiqué qu'ils se "désolidarisaient" de ces propos et souhaitaient continuer leurs travaux sans lui.
Bruno Questel a annoncé dans la foulée, dans un tweet, qu'il quittait la Ciivise "avec regret" mais qu'il restait "avant tout attaché aux principes constitutionnels, comme le droit à la défense".
"Choqués et "mécontents", les membres de la Ciivise, qui n'avaient pas été informés de cette affaire, ont décidé de se "désolidariser de ses propos", a déclaré vendredi à l'AFP la secrétaire générale de la Ciivise, Alice Casagrande. "Ces propos sont acceptables pour un avocat de la défense, mais la position première des membres de la Ciivise doit être d’écouter et défendre la position des victimes".
Bruno Questel a défendu ce client car il "l'assiste depuis dix ans sur d'autres questions", a-t-il expliqué vendredi à l'AFP. "En décembre 2023, lorsqu’il a été placé en garde à vue, il m’a demandé de le défendre dans cette affaire", a ajouté Me Questel.
La Ciivise a été lancée en mars 2021 dans le sillage de la publication du livre de Camille Kouchner, "La Familia grande".
Ses travaux devaient s'achever en décembre 2023. Sous la pression des associations et des victimes, l'exécutif avait finalement annoncé son maintien mais en écartant le très apprécié et très médiatique juge des enfants Edouard Durand, qui était à sa tête.
Le magistrat a été remplacé par un duo qui a rapidement fait long feu.
Visée par une plainte pour agression sexuelle, la vice-présidente Caroline Rey-Salmon s'est mise en retrait en février. Dans la foulée, a suivi la démission du nouveau président, Sébastien Boueilh, s'estimant "la cible de calomnies et d'attaques personnelles".
La Ciivise a finalement repris ses travaux en avril sous l'égide d'un quatuor chargé notamment du suivi des préconisations déjà émises - quatuor devenu trio après la démission de Bruno Questel jeudi.