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Manon Aubry, députée européenne et cheffe de file de La France insoumise à l'Europe, était l'invitée de Martin Buxant ce matin sur bel RTL. Elle est bien entendu revenue sur le premier tour des élections législatives en France et a pointé du doigt la responsabilité, selon elle, d'Emmanuel Macron et de ses partisans.
Martin Buxant : Le Rassemblement national est premier parti de France. Ça dit quoi des Français finalement ?
Manon Aubry : Ecoutez, ça dit d'abord qu'il y a une colère folle contre le macronisme et je dois dire que moi aussi, je suis très en colère contre Emmanuel Macron qui a pris le risque d'installer l'extrême droite au pouvoir. Et s'il y a une certitude au lendemain de ce premier tour, c'est que les macronistes sont défaits. Qu'en toute hypothèse, Gabriel Attal, l'actuel Premier ministre, ne sera plus Premier ministre le 8 juillet, et que cela va se jouer entre le Rassemblement national d'un côté et le nouveau Front populaire de l'autre. Et de ce point de vue-là, le nouveau Front populaire doit être le garant de l'unité du pays, doit être le garant du rassemblement de notre pays qui est aujourd'hui au bord du gouffre. C'est pour ça que je suis inquiète et en même temps, une partie de moi veut s'accrocher à l'espoir de la possibilité d'une mobilisation différentielle pour le second tour, mais aussi d'une attitude responsable pour sauver la République.
L'enjeu, c'est d'arriver à une majorité de députés à l'Assemblée nationale (289 députés), comment ça va se passer ? Vous, au nouveau Front populaire, Vous allez vous retirer tous vos candidats quand ils arrivent en troisième position pour faire barrage au Rassemblement national, c'est ça ?
On dit une chose extrêmement claire : pas une voix, pas un siège ne doit aller au Rassemblement national. Et donc, on en tire toutes les conclusions. C'est-à-dire que oui, nous retirons nos candidats quand ils sont arrivés en troisième position et que le Rassemblement national est en tête et en capacité de l'emporter. Et je regrette les macronistes n'aient pas une attitude aussi responsable. Ils sont complètement flous et au bout d'un moment, il y en a marre qu'on demande au peuple de gauche de toujours faire barrage à l'extrême droite et que de l'autre côté, nous ayons les macronistes qui renvoient dos à dos la gauche et l'extrême droite, les héritiers de Léon Blum et de Jean Jaurès d'un côté, et les héritiers de Pétain de l'autre côté. Ceux qui veulent fracturer la société, qui est raciste et xénophobe, et de l'autre côté, un projet humaniste. Le degré d'irresponsabilité, honnêtement, des macronistes est fou. Et ça veut dire que pour eux, c'est la même chose, que ce soit la gauche qui l'emporte ou le Rassemblement national. Ça dit à quel point ils n'ont rien à faire des Françaises et des Français. Et je veux penser ce matin à tous les Français et je sais qu'il y en a aussi en Belgique, tous les Français de religion musulmane qui sont racisés, aux droits des femmes, aux LGBT. C'est eux qui vont subir les premiers les effets des politiques de l'extrême droite et on voit à quel point les macronistes n'en ont rien à faire.
C'est probablement l'élection la plus importante que l'on ait connue depuis la sortie de la Seconde Guerre mondiale en France
Vous demandez au président français Emmanuel Macron de sortir de ce flou, finalement et de soutenir le nouveau Front populaire ? C'est ça ?
Oui. Je lui demande de la clarté, de la clarté pour sauver la République, parce que c'est ni plus ni moins que l'enjeu de cette élection. C'est probablement l'élection la plus importante que l'on ait connue depuis la sortie de la Seconde Guerre mondiale en France, et depuis la création de la Cinquième République en France. Emmanuel Macron ne peut pas non seulement être responsable de l'installation de l'extrême droite au pouvoir, mais aussi d'un renvoi dos à dos de la gauche et de l'extrême droite. De nouveau, comme je le disais, c'est plus une question de couleur politique, c'est plus une question d'étiquette politique, c'est une question de survie pour des millions de Français et Français.