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Le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, a indiqué vendredi soir que Mohammed Mogouchkov, arrêté pour l'assassinat du professeur de lettres Dominique Bernard à Arras, en France, était un ancien élève. Il a également blessé trois autres personnes, ce qui signifie que le bilan a évolué.
Vers 11h jeudi matin, le suspect "s'est présenté devant le lycée Gambetta à Arras où il avait été scolarisé antérieurement", a indiqué M. Ricard, en charge de l'enquête, lors d'une conférence de presse à Arras. Il a alors "frappé avec un couteau un enseignant qui se trouvait devant l'établissement", a-t-il poursuivi. "Un second enseignant est venu prêter main forte à son collègue. Il a été frappé aussi au moyen d'un couteau", a-t-il ajouté.
Puis l'agresseur est "entré dans le lycée où il a entamé un périple, se rendant notamment dans la cour" et il "s'est alors trouvé en présence de plusieurs personnes, notamment un agent technique qu'il a blessé de plusieurs coups de couteau, et un agent d'entretien qui a également été blessé lors de cette scène".
Au total donc, une personne a été tuée et trois autres blessées, a-t-il conclu, sans préciser leur état de santé. Plusieurs sources faisaient état depuis vendredi matin d'un mort et de deux blessés.
L'agresseur a ensuite été "très rapidement interpellé par les services de police qui ont fait l'usage à deux reprises de leurs pistolets taser", a-t-il ajouté, affirmant que plusieurs témoins avaient entendu l'auteur crier "allah akbar".
L'homme "était connu pour sa radicalisation, il était inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation terroriste," a--t-il confirmé. "L'un de ses frères, de deux ans son ainé, dont il est proche, avait été condamné en avril 2023 par la cour d'assises de Paris pour association de malfaiteurs terroristes criminelle et non-dénonciation de crime", ce même frère "avait à nouveau été condamné en juin pour apologie du terrorisme par le tribunal d'Arras, il est à ce jour détenu".
Le parquet antiterroriste s'est saisi de ces actes sous les qualifications "d'assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle". De "très nombreuses investigations" sont en cours et "doivent se poursuivre afin de déterminer avec précision le déroulement des faits et comment l'auteur a préparé son crime et de quelles assistances il a pu bénéficier", a aussi souligné Jean-François Ricard.
L'attaque en détail
Les faits se sont déroulés devant et dans l'enceinte de la cité scolaire Gambetta-Carnot, un établissement public du centre-ville qui compte environ 2.000 élèves, allant du collège au BTS.
En fin de matinée, l'assaillant arrive à pied, agresse un professeur qui décèdera devant l'établissement. Un second enseignant intervient pour le défendre, il sera blessé, selon une source policière.
Une alerte intrusion retentit ensuite dans l'imposant bâtiment, dont une seule des trois portes d'entrée est généralement ouverte pour filtrer le flux d'élèves: le jeune homme est entré dans l'établissement.
Une nouvelle attaque a eu lieu dans la cour, décrit Martin Dousseau, un enseignant de philosophie qui a assisté à la scène. Il raconte un mouvement de panique au moment de l'intercours de 11h00, quand les élèves du collège se sont retrouvés face à un homme armé.
Selon cet enseignant, l'agresseur s'en est pris avec ses "deux couteaux" à un agent technique qui "saignait", avant de le poursuivre en lui demandant s'il était professeur d'histoire. Cet enseignant dit avoir pu se barricader derrière une porte vitrée, empêchant l'assaillant de fondre sur lui.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent un jeune homme, pantalon noir, veste grise et capuche noire, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l'établissement.
Il s'en prend à l'un d'eux muni d'une chaise pour tenter de le repousser, avant de lui donner des coups de pied et de le frapper, visiblement arme à la main. Puis les images le montrent en train de se diriger vers la porte de l'établissement où élèves et personnel ont été confinés.
Dans la cour, la police a fait usage d'un taser pour le maîtriser avant de l'interpeller.
Les victimes
Un enseignant a été tué. Il s'agit d'un enseignant de français, selon une source proche.
Parmi les deux blessés figurent un agent du lycée en urgence absolue, après avoir été atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant en urgence relative, a précisé une source policière. Selon une source proche du dossier, l'agent est "très gravement blessé, entre la vie et la mort".
L'assaillant
L'auteur de l'attaque est un jeune homme d'une vingtaine d'années, fiché pour radicalisation (fiché S), a indiqué à l'AFP une source policière. Plus de précisions sur l'individu dans notre article:
Le président sur les lieux
Emmanuel Macron est arrivé vendredi peu avant 15H00 au lycée Léon Gambetta d'Arras, où un enseignant a été tué et deux personnes gravement blessées dans une attaque au couteau, dans un contexte de crainte d'importation en France du conflit entre Israël et le Hamas, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Le président français est entré dans l'établissement, accompagné par les ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et de l'Education Gabriel Attal. Il devait y saluer les équipes enseignantes et les secours avant de faire une déclaration publique.
Ces faits en rappelent un autre
Ces faits ont lieu presque trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression. L'assaillant de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène, avait été tué par la police.