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Marine Le Pen a été condamnée à une peine de cinq ans d'inéligibilité avec application immédiate dans le procès des assistants parlementaires européens. Les réactions politiques n'ont pas tardé à se faire connaître.
C'est une condamnation qui secoue le paysage politique mondial. Ce lundi, Marine Le Pen a été condamnée à une peine de cinq ans d'inéligibilité et son parti à 2 millions euros d'amende, dont un million ferme.
A l'extrême droite, Jordan Bardella (RN) écrit sur X: "Aujourd'hui, ce n'est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée: c'est la démocratie française qui est exécutée". Eric Zemmour (Reconquête), lui, indique "Ce n'est pas aux juges de décider pour qui doit voter le peuple. Quels que soient nos désaccords, Marine Le Pen est légitime pour se présenter devant le suffrage" (sur X). Marion Maréchal, se désole: "Depuis des décennies, le camp national et notre famille ont subi tous les coups, toutes les attaques, toutes les injustices. Des juges se pensant au-dessus du peuple souverain ont décidé d'exécuter dans un tribunal celle qu'ils n'ont jamais pu faire reculer dans les urnes. Marine Le Pen menait notre camp sur le chemin de la victoire. C'est sa seule culpabilité, c'est bien pour cela qu'elle est condamnée" (sur X). Louis Aliot, membre du RN et ex-compagnon de Marine Le Pen, évoque une "intrusion dans le jeu électoral", "tache indélébile dans l'histoire de notre démocratie".
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c’est la démocratie française qui est exécutée.#JeSoutiensMarine
— Jordan Bardella (@J_Bardella) March 31, 2025
"Une décision très lourde"
A droite, Laurent Wauquiez souligne "une décision très lourde et exceptionnelle. (...) Il n'est pas sain que dans une démocratie, une élue soit interdite de se présenter à une élection. Et je trouve que les débats politiques doivent être tranchés dans les urnes. (...) Et là, cette décision va nécessairement avoir un poids très lourd sur le fonctionnement de notre démocratie. Ce n'est sans doute pas le chemin qu'il aurait fallu prendre" (à Royan, Charente-Maritime).
Le destin démocratique de notre nation confisqué par une cabale judiciaire indigne.
— Eric Ciotti (@eciotti) March 31, 2025
La candidate favorite à l’élection présidentielle empêchée de se présenter.
Ce n’est pas un simple dysfonctionnement, c’est un système de captation du pouvoir qui écarte systématiquement tout…
Le controversé Eric Ciotti (UDR), quant à lui, s'interroge. "La France est-elle encore une démocratie? Le destin démocratique de notre nation confisqué par une cabale judiciaire indigne (...) ce n'est pas un simple dysfonctionnement, c'est un système de captation du pouvoir qui écarte systématiquement tout candidat trop à droite en mesure de gagner" (sur X).
Au centre, Prisca Thévenot, de Renaissance, s'exprime à l'Assemblée nationale: "La justice s'est prononcée et a ce titre nous devons la respecter (...). La question que je pose maintenant au Rassemblement national, et peut-être à d'autres qui sont sur cette ligne là, c'est à partir de combien dans les sondages on estime qu'on est au-dessus des lois?". Sacha Houlié (ex-Renaissance), écrit sur X. "Lorsqu'un élu prévenu est condamné pour détournement de fonds publics, l'inéligibilité est de droit. C'est la loi. Lorsqu'il existe un risque de récidive (ce qui est le cas lorsque le prévenu nie avoir commis l'infraction), l'exécution provisoire est prononcée. C'est la loi. À quel moment peut-on penser qu'un juge ne va pas appliquer la loi ?".
Il y a des semaines qui commencent bien
François Bayrou a été "troublé par l'énoncé du jugement" de cinq ans d'inéligibilité avec effet immédiat à l'encontre de la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen, a rapporté l'entourage du Premier ministre, confirmant une information du Parisien. Le chef du gouvernement n'entend toutefois faire "aucun commentaire sur une décision de justice", a précisé son entourage.
A gauche, Marine Tondelier (Les Ecologistes), indique à Hénin-Beaumont, fief de la condamnée, que Marine Le Pen "doit payer sa peine" car "elle est une "justiciable comme les autres. "Quand on donne des leçons d'exemplarité à tout le monde, on doit commencer par se l'appliquer à soi-même".
Jean-Luc Mélenchon (LFI), quant à lui, écrit sur X que "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple" (sur X) . Jérôme Guedj (PS) affirme que "une décision de justice doit être respectée. Après chacun peut avoir le débat sur la nature de la peine (...) mais ce n'est pas à chaud et sur un cas particulier qu'on questionne la pertinence de la loi (...). La justice doit être la même pour les élus comme ceux qui ne sont pas élus, pour les puissants comme pour les faibles".
Le communiste Fabien Roussel indique que "La justice est la justice. 'Selon que vous serez puissant ou misérable' comme écrivait La Fontaine, elle doit être la même pour tous. D'autant que Mme Le Pen est une responsable politique qui exige plus de fermeté de la part de la justice".
Je m'associe pleinement à la déclaration de la coordination du mouvement insoumis. Et j'ajoute : la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple. C'est à cela que servirait le référendum révocatoire dans une 6e République démocratique.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 31, 2025
➡️ https://t.co/hIYz2q96gD pic.twitter.com/ypLI1FtGGO
Philippe Poutou (NPA) se réjouit de cette décision. "Y a des semaines qui commencent bien. Le Pen et d'autres du RN prennent des peines d'inéligibilité et de prison avec en plus des grosses amendes. Pour une fois que justice est bien faite. Mais alors l'immunité parlementaire ne protège plus systématiquement les politiciens véreux?", écrit-il sur X.
Ailleurs dans le monde
Au niveau mondial, Hongrie en tête, de nombreuses voix se sont élevées lundi dans l'extrême droite européenne pour dénoncer la condamnation de Marine Le Pen, déclarée par la justice française coupable et inéligible pour détournement de fonds publics. "Je suis Marine!", a lancé dans un cri de ralliement sur X Viktor Orban.
Je suis Marine! @MLP_officiel
— Orbán Viktor (@PM_ViktorOrban) March 31, 2025
Pour le Premier ministre nationaliste, elle rejoint les rangs des "patriotes" victimes selon lui d'une cabale, à l'instar du président américain Donald Trump ou du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini.
Le chef de La Ligue, qui a eu lui-même maille à partir avec la justice de son pays, a également apporté son soutien à Marine Le Pen. "Ne nous laissons pas intimider, ne nous arrêtons pas: en avant toute, mon amie!", a-t-il écrit.
Il a dénoncé la "déclaration de guerre de Bruxelles", aux sources selon lui de la condamnation de Mme Le Pen, accusée d'avoir fait prendre en charge par le Parlement européen des personnes qui travaillaient en réalité pour le RN.
Le Kremlin, lui, a déploré une "violation des normes démocratiques". "Nos observations de ce qui se passe dans les capitales européennes montrent qu'on ne se gêne pas du tout là-bas pour dépasser le cadre de la démocratie lors d'un processus politique", a réagi son porte-parole, Dmitri Peskov.
"Incroyablement sévère"
"Ils n'arriveront pas à faire taire la voix du peuple français", a averti le leader du parti espagnol Vox Santiago Abascal. Il avait convié en février à Madrid l'élue française, aux côtés de Viktor Orban et d'autres chefs de file du groupe parlementaire Patriotes pour l'Europe, revigorés par le retour de Trump à la Maison Blanche.
Aux Pays-Bas, le chef du parti d'extrême droite à la tête de la coalition Geert Wilders, s'est dit "choqué" par un jugement "incroyablement sévère". "Je suis persuadé qu'elle gagnera en appel et qu'elle deviendra présidente de la France", a-t-il déclaré sur X.
I am shocked by the incredible tough verdict against @MLP_officiel. I support and believe in her for the full 100% and I trust she will win the appeal and become President of France.
— Geert Wilders (@geertwilderspvv) March 31, 2025
Ce scénario d'inéligibilité rappelle les événements politiques récents en Roumanie, où le candidat d'extrême droite Calin Georgescu a été écarté de la course à la présidence par la Cour constitutionnelle. Il était arrivé contre toute attente en tête du premier tour le 24 novembre, un scrutin ensuite annulé lors d'une décision rarissime au sein de l'Union européenne.
Parlant de "coup d'État", cet ancien haut fonctionnaire très critique de l'UE et de l'Otan a obtenu le soutien d'Elon Musk, proche conseiller de Trump, tandis que le vice-président américain JD Vance a fustigé des autorités roumaines qui ont "si peur de leur peuple qu'elles le font taire".
Le multimillardaire américain Elon Musk a dénoncé un "abus du système judiciaire" sur son réseau social X. "Lorsque la gauche radicale ne peut pas gagner par le biais d'un vote démocratique, elle abuse du système judiciaire pour emprisonner ses opposants. C'est son mode opératoire à travers le monde. Il y aura un retour de bâton, comme avec les attaques judiciaires menées contre le président Trump".