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L'activité économique de la France s'est montrée résiliente au deuxième trimestre grâce au commerce extérieur, une "excellente performance" saluée par le ministre de l'Economie, mais la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance française, inquiète par son atonie.
Cette première estimation du PIB entre avril et juin par l'Institut national de la statistique est conforme à sa prévision et identique au taux de croissance de 0,3% enregistré au premier trimestre (revu en hausse de 0,1 point).
Le ministre démissionnaire de l'Economie, Bruno Le Maire, a salué une "excellente performance de l'économie française", soulignant que la croissance cumulée sur 2024 atteignait déjà la prévision gouvernementale de 1% fixée pour l'ensemble de l'année et qu'elle pourrait donc finir par la dépasser.
L'Insee table sur une hausse de 1,1% cette année.
"Cette performance durable et solide nous distingue des autres grands pays européens, en particulier de l'Allemagne", a-t-il ajouté auprès de journalistes, y voyant le succès de la politique de l'offre et des réformes engagées par le gouvernement sortant.
"Changer de politique économique aujourd'hui serait une faute politique", a-t-il lancé, alors que les élections législatives anticipées ont débouché sur un blocage politique.
Première économie de la zone euro devant la France, l'Allemagne a vu son PIB reculer de 0,1% au deuxième trimestre. En Espagne, il a progressé de 0,8%, et en Italie de 0,2%.
- "Bonne surprise" -
Les chiffres concernant la France constituent "une bonne surprise, mais dans le détail, on reste très déçu dans la mesure où la demande intérieure reste très faible depuis trois trimestres consécutifs", a nuancé Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, interrogé par l'AFP.
Au printemps, l'activité a surtout bénéficié de la contribution du commerce extérieur, qui a progressé de 0,2%, selon l'Insee.
Face à des importations faibles, liée à la faiblesse des investissements et de la consommation des ménages, les exportations sont restées dynamiques, tirées notamment par la livraison d'un nouveau navire, continuant de combler les pertes enregistrées pendant la pandémie.
Après s'être inscrits dans le rouge sur les deux trimestres précédents, les investissements des entreprises sont repassés en territoire positif, avec une légère hausse de 0,1%. Ils ont accéléré dans les services, contrebalançant la poursuite du recul dans les produits manufacturés.
Loin de se tarir, les dépenses publiques sont restées dynamiques tant en termes d'investissements que de consommation, en hausse de respectivement 0,6% et 0,3%.
"Ce n'est pas parce que nous avons une croissance solide qu'il faut renoncer à réduire les dépenses publiques", a commenté Bruno Le Maire, qui vise 25 milliards d'euros d'économies en 2024 et des coupes supplémentaires l'an prochain afin de rétablir des finances publiques dégradées et réduire le déficit public à moins de 3% en 2027.
En revanche, les investissements résidentiels des ménages restent à la peine (-0,5%), dans un contexte de taux d'intérêt demeurant élevés malgré la baisse amorcée en juin par la Banque centrale européenne (BCE).
- "Douche froide" -
Pilier traditionnel de la croissance française, la consommation des ménages est restée stable (0,0%): les achats alimentaires ont reculé, tandis que la consommation en gaz et électricité a augmenté en raison d'un printemps frais, comme celle de services.
"C'est un peu la douche froide. Les ménages continuent de se serrer la ceinture dans la consommation de biens, notamment - ce qui est un peu inquiétant - les biens alimentaires, quand bien même l'inflation dans ce secteur a fortement reflué au cours des derniers mois", a estimé Maxime Darmet chez Allianz Trade.
En juin, la hausse des prix en France a atteint 2,2% sur un an, au plus bas depuis près de trois ans. Selon l'Insee, elle devrait encore ralentir à 1,9% en décembre.
Concernant le troisième trimestre, l'institut avait dit début juillet s'attendre à un rebond plus net de la croissance grâce à une consommation des ménages revigorée et un effet positif des Jeux olympiques et paralympiques. Cet "effet JO" est estimé à 0,3 point sur la croissance, laquelle atteindrait 0,5% au total.
La période pourrait toutefois pâtir de l'incertitude politique.
L'Insee prévoit ensuite une contraction de 0,1% du PIB au quatrième trimestre. Il a par ailleurs relevé 0,1 point la croissance du PIB au quatrième trimestre 2023, à 0,4%.