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A Esteville, où repose l'abbé Pierre, "on tombe des nues" après les accusations d'agressions sexuelles

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STEPHANE DE SAKUTIN

"On ne s'attendait pas à ça" : dans les rues d'Esteville, village normand où repose l'abbé Pierre, accusé d'agressions sexuelles, les habitants expriment leur étonnement et leur malaise face à ces révélations tardives qui viennent "salir sa mémoire".

"C'est un personnage emblématique pour Esteville, ça m'étonne du personnage, on tombe des nues", déplore Adrien, 73 ans, qui habite à proximité du Centre abbé Pierre-Emmaüs, lieu de mémoire consacré à l'icône de la lutte contre le mal-logement.

Depuis la déflagration provoquée mercredi par les accusations d'agressions sexuelles portées par plusieurs femmes, le Centre, situé à l'écart du bourg de quelque 500 habitants, a "fermé symboliquement" ses portes "jusqu'à nouvel ordre".

Sur la porte d'entrée, une affichette prévient les visiteurs que cette fermeture est un geste de "solidarité avec les victimes de violences sexistes et sexuelles suite aux récentes révélations médiatiques".

Les allées du parc, où de larges panneaux rappellent les combats du fondateur du mouvement Emmaüs, qui a vécu une partie de sa vie à Esteville, étaient désertes jeudi matin, a constaté l'AFP.

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ROBERT FRANCOIS

Habituellement, le Centre abbé Pierre-Emmaüs, où sont restées intactes depuis son décès sa chambre et sa chapelle, accueille 9 500 personnes chaque année, selon les données fournies par le musée.

Jointe par l'AFP, la direction du centre n'a pas répondu dans l'immédiat.

- "Calmer les esprits" -

L'abbé Pierre, décédé en 2007, est accusé par plusieurs femmes d'agressions sexuelles commises entre la fin des années 1970 et 2005, selon un rapport indépendant commandé par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre et publié mercredi.

"On ne s'attendait pas à ça (...) Cette affaire aura peut-être des conséquences sur les visites au village. Il y a beaucoup de visites, notamment des scolaires", ajoute le septuagénaire pour qui cette fermeture devrait durer "quelques jours, le temps de calmer les esprits".

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ROBERT FRANCOIS

Au lendemain de ces révélations, seul un touriste originaire de Mulhouse ayant appris à la radio que la sépulture du religieux se trouvait non loin de son lieu de villégiature, est venu voir la tombe, un espace gravillonné surmonté d'une plaque "Il a essayé d'aimer" et sur lequel est allongé un gisant du christ, selon un correspondant de l'AFP.

L'abbé Pierre y est enterré aux côtés de sa secrétaire et cofondatrice d'Emmaüs Lucie Coutaz et de 26 compagnons du mouvement.

A proximité du cimetière, Janique, 58 ans, restaure une maison de briques. "Tout ça nous dépasse, pourquoi parler aussi longtemps après ? On se demande si c'est vrai", réagit la quinquagénaire, en précisant que si "ces accusations sont vraies, elles sont condamnables".

Alain, retraité habitant à Esteville depuis sa plus tendre enfance, a "connu" l'abbé. "Je ne le vois pas faire des choses comme ça, ça me dégoûte qu'on vienne salir sa mémoire, c'était un homme saint. Tout ce qu'il faisait, c'était pour les autres", estime cet homme, qui se souvient d'un "homme humble" qui roulait dans une voiture "bas de gamme".

Croisé également dans les rues d'Esteville, Hervé, 69 ans, "ne veut pas prendre position". "Plus rien ne me surprend, on entend des affaires de ce type-là tout le temps aujourd'hui. Il est au cimetière et il ne pourra jamais se défendre", poursuit-il.

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