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Un grand nom de la mode tire sa révérence: le Belge Dries Van Noten présente samedi soir son tout dernier défilé, après quarante ans de carrière où il a imposé son style, mélange d'audace, de sophistication et de poésie.
Rares sont les créateurs de mode à prendre leur retraite à 66 ans, en forme, comme il l'a confié récemment au New York Times, et avec une entreprise en bonne santé.
Unanimement respecté, celui qu'on surnomme le "maître flamand de la mode" avait pris tout le monde par surprise en annonçant sa décision au printemps.
"Je sens qu'il est temps de laisser la place à une nouvelle génération de talents pour apporter leur vision à la griffe", avait-il écrit dans une lettre ouverte. Et d'évoquer l'envie de profiter "de toutes les choses pour lesquelles" il n'a "jamais eu le temps".
Une décision difficile d'autant plus que la marque - vêtements, accessoires, parfums - continuera à vivre sans lui. "Que se passera-t-il après, avec mon nom ? ", dit-il dans le NYTimes.
"Après ce défilé homme, j'aurai une autre adresse email. Je ne serai plus jamais @driesvannoten. Il me faut aussi trouver un nouveau nom sur Instagram car l'actuel est mon nom et aussi celui de la marque. C'est une situation étrange, et ça je ne l'avais pas imaginé", souligne-t-il, ému.
Rien n'a filtré sur ce défilé printemps-été 2025 qui se déroule à La Courneuve, au nord de Paris, mais devrait plus que jamais célébrer le style Dries Van Noten: des vêtements taillés à la perfection, des chocs de couleurs et des rasades de tissus et d'imprimés.
- Anvers, et contre tout -
"Je suis un jardinier, donc automatiquement les fleurs, ça revient partout: les fleurs symboliques, simplement leurs couleurs, ou bien les fleurs réelles", expliquait-il à l'AFP en 2014.
Fin février à Paris, où il défile depuis 1993, il s'était distingué avec une collection femme marquée par une touche de rêve en couleurs pastel et silhouettes amples comme des vêtements de nuit et des sacs doux comme des peluches, le tout présenté dans un chantier de construction parisien.
Les collections qui suivront, dont celle pour femme attendue en septembre, seront réalisées par l'équipe de son studio avec qui il travaille depuis des années.
Seule condition posée avant son départ: que le groupe reste à Anvers, loin des paillettes et du brouhaha du monde de la mode. Le groupe Puig qui a pris une participation majoritaire dans la griffe en 2018 a donné son accord.
Installé depuis les années 1980, Dries Van Noten a présenté sa première collection à Londres, en 1986, avec le groupe des "Six d'Anvers" (Dirk Bikkembergs, Ann Demeulemeester, Dirk Van Saene, Walter Van Beirendonck et Marina Yee), aujourd'hui encore synonyme d'avant-garde.
Fils et petit-fils de tailleurs, il a ouvert sa première boutique en 1989 dans la capitale mondiale du diamant. La griffe s'appuie désormais sur 500 points de vente à travers le monde.
"Le point de départ d'une collection peut être très littéral ou bien abstrait: une peinture, une couleur, la pensée de quelqu'un, tout finalement...", expliquait-il à l'AFP en 2014, confiant s'être beaucoup nourri de ses voyages, notamment l'Inde, et de l'art, avec une collection restée dans les annales inspirée de l'oeuvre du peintre Francis Bacon en 2009.