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Cadavre dans un placard: la jeune accusée condamnée à 30 ans de réclusion criminelle

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LOIC VENANCE

Un prétendant poignardé, étranglé, volé et rangé dans un placard : Camille Anguenot, 20 ans, a été condamnée vendredi à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Haute-Saône pour le meurtre de Théo Decouchant en 2021.

L'accusée, toute vêtue de blanc, s'est effondrée, en larmes, à l'annonce de sa condamnation à 30 ans d'emprisonnement pour "homicide volontaire, vol et escroquerie" par la cour d'assises de Haute-Saône, qui n'a pas retenu l'altération de son discernement au moment des faits et est allée au-delà des réquisitions.

"La version de Camille Anguenot n'est que la version de Camille Anguenot et elle est invérifiable. C'est celle d'une personne qui avait besoin d'argent et d'une voiture, et qui pensait que Théo Decouchant ferait un bon +pigeon+", a estimé l'avocat général Arnaud Grécourt, avant de requérir 25 ans d'emprisonnement.

"Théo Découchant est serviable, gentil, mais il ne veut pas qu'on le dupe. A-t-il refusé ? Se sont-ils disputés ? Bien qu'elle se défende d'avoir tué Théo Decouchant pour avoir son argent et sa voiture, force est de constater qu'elle va les utiliser dès le lendemain", a-t-il ajouté.

L'avocate de l'accusée, Catherine Bresson, conteste au contraire fermement ce mobile crapuleux. D'après un expert psychiatre, sa cliente, qui n'avait que 18 ans à l'époque, "a agi de manière radicale face à une blessure narcissique", rappelle-t-elle.

"On ne peut pas réduire Camille Anguenot à cette femme séductrice, manipulatrice et perverse. Il faut aller au-delà des apparences", a plaidé Me Bresson, évoquant l'enfance difficile de l'accusée, "une jeune fille qui a vu son père frapper sa mère et tenter de l'étrangler".

- "Dangerosité de l'accusée" -

Camille Anguenot ne devrait "a priori" pas faire appel, a déclaré Me Bresson à l'issue du procès.

L'avocat de la famille de Théo Decouchant, Christophe Bernard, a salué "une décision juste. Elle était attendue par la famille, elle est conforme à la gravité des faits et à la dangerosité de l'accusée", a-t-il affirmé.

Camille Anguenot a rencontré Théo Decouchant en discothèque en novembre 2021. Le 29 novembre, elle invite ce garçon timide et introverti de 23 ans à passer la soirée chez elle à Oiselay-et-Grachaux, petite commune de Haute-Saône, entre Vesoul et Besançon.

Selon l'accusée, ils se sont endormis dans le même lit, mais elle aurait été réveillée dans la nuit par les caresses du jeune homme qu'elle aurait repoussé et qui se serait montré insistant.

Elle lui porte alors plusieurs coups de poing au visage, avant de saisir un couteau de cuisine et de le poignarder au ventre. Elle part ensuite chercher une cordelette dans sa chambre avant de revenir vers Théo, allongé au sol, et de le tuer en l'étranglant.

"Ces caresses ne correspondent pas à la personnalité de Théo Decouchant", que "personne de son entourage n'imagine agresseur sexuel", selon l'avocat général.

- "Meilleure sépulture" -

Les jours suivants, la jeune femme utilise la voiture et la carte bancaire de la victime pour mener sa vie comme si de rien n'était. Alors même qu'elle n'a pas le permis de conduire, elle rejoint notamment un nouvel amant à Bordeaux, puis un ancien à Dijon.

Elle affirme qu'elle voulait fuir, mais un accident de voiture met un terme à son escapade et elle rentre finalement chez elle.

Une semaine après le meurtre, alertée par la mère du jeune homme, la police se présente à son domicile et découvre le corps de Théo Decouchant emballé dans des sacs poubelle, fermés par du gros scotch brun, caché dans un placard à balais du séjour.

"Un placard à balais: même un animal mérite meilleure sépulture. C'est ça un homme, pour Camille Anguenot: une momie dans des sacs poubelles", a quant à lui dénoncé l'avocat de la famille, brandissant les photos du corps empaqueté de Théo devant les jurés.

Théo Decouchant était "un jeune homme de son temps", inséré professionnellement, poli et bien éduqué, "il est à l'image des siens, respectueux et sympathique", souligne Me Bernard.

Mais la vie de ce garçon "en quête de sentiments, de relations", note le conseil, est partie en "six minutes, les six minutes que Camille Anguenot a mis pour lui ôter l'air, l'asphyxier et le tuer".

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