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Bataille du rail en Ardèche, seul département où le train ne s'arrête pas

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Valentine CHAPUIS

Du "gâchis": Olivier Peverelli montre avec amertume les quais envahis par des herbes folles et les portes closes de la gare du Teil, en Ardèche, seul département de métropole sans trains de voyageurs.

Maire de cette petite commune située sur la rive droite du Rhône, juste en face de Montélimar, il se bat depuis une dizaine d'années pour la réouverture de la gare, qui a vu descendre ses derniers passagers en 1973.

A l'époque, l'Etat a fermé de nombreuses lignes pour des raisons économiques, et toutes celles d'Ardèche ont été condamnées.

Depuis, les rails ne servent qu'au fret. La ligne de la rive droite du Rhône, dûment électrifiée, voit de temps en temps passer des trains de voyageurs détournés en cas de problème sur l'autre rive.

En 2020, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, s'est bien engagé à rouvrir la ligne entre Le Teil et La Voulte, plus au nord, pour faire rouler des trains Le Teil-Valence, mais le projet traîne.

"A un moment, ça faisait râler, maintenant ça fait rager", confie Olivier Peverelli, 64 ans.

A la région, Frédéric Aguilera, vice-président délégué aux transports, explique que la promesse a pris du retard à cause d'un projet concurrent de la région Occitanie. En 2022, celle-ci a rouvert une ligne entre Nîmes et Pont-Saint-Esprit dans le Gard, un peu plus au sud.

- Autorité environnementale -

"Pour des raisons techniques, les trains venant de Nîmes circulent jusqu'à la gare du Teil sans prise en charge de voyageurs car la configuration actuelle de la gare ne le permet pas", explique-t-il à l'AFP. Ils y font demi-tour, à vide...

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Valentine CHAPUIS

Avant de débuter les travaux d'aménagement, l'Autorité environnementale a exigé une étude d'impact, reportant "l'ouverture de la gare pour 2026 au mieux", ajoute l'élu.

"On espère que ça va finir par rouvrir, mais c'est une bataille", commente Olivier Peverelli, qui juge que ses administrés sont traités comme "des sous-citoyens" malgré leurs "besoins énormes de mobilité" pour travailler, étudier, se soigner ou visiter leurs proches.

Pour ces trajets, les Ardéchois sont obligés d'utiliser leur voiture, regrette Franck Pallier du Collectif des usagers des transports publics en sud Ardèche (CUTPSA). Pour lui, "on ne peut pas continuer comme ça. C'est inaccessible à plein de gens, ça pollue".

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Valentine CHAPUIS

Dans ce département très touristique, où les somptueuses gorges de l'Ardèche attirent 1,5 million de visiteurs par an, l'absence de trains en importune d'autres.

Facilement "malade en voiture", Arthur Dupas, un Lyonnais de 25 ans, aurait aimé prendre un train pour rejoindre ses amis dans un camping ardéchois.

Détenteur d'un pass Rail illimité, le TER ne lui aurait rien coûté, alors que là, "je vais payer plein pot", regrette-t-il encore en attendant son bus à Montélimar.

- "Musée vivant" -

Le car, "c'est très long" sur les routes sinueuses du département et "très cher", renchérit Jennifer Salaun, 29 ans, "un peu énervée" de ne pas avoir d'alternative pour rallier Aubenas.

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Valentine CHAPUIS

A quelques pas, Marie Rebillotte, une Marseillaise de 31 ans, est plus "mitigée": "Evidemment", le train serait "plus simple" pour rendre visite à sa grand-mère mais son absence créé "un côté un peu unique et inaccessible qui, peut-être, préserve le département", pense-t-elle.

Cette authenticité inspire Juliette Beck alias "@chuchugue" ou "la meuf aux gares" sur les réseaux X et Instagram, où cette ingénieure de 24 ans poste des photos d'elle posant devant les gares désaffectées de l'Ardèche.

Avec jusqu'à 800.000 vues pour une de ses publications, la jeune Lyonnaise espère que ce simple "défi personnel" aide à "sensibiliser" sur l'absence de train dans le département: "Ca peut être un bon travail pour remettre en valeur ce patrimoine."

Ce patrimoine survit aujourd'hui uniquement grâce au "Mastrou", un petit train à vapeur qui traverse les gorges du Doux. Cette ligne, ouverte en 1891, est empruntée par 110.000 touristes chaque saison, attirés par la beauté sauvage du paysage.

"On est une exception culturelle parce qu'on est passé du côté patrimonial, du musée vivant, alors que le train du quotidien, il doit desservir les populations", reconnaît Vincent Piotti, un des responsables de la société qui l'exploite.

A bord, Jean-François Picot, un Ardéchois de 50 ans, juge lui aussi "indispensable" de relancer "les petites lignes" locales. "Quoi de mieux que d'aller travailler avec un paysage comme ça..."

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