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Agressions sexuelles: la fille de Franck Lavier, acquitté d'Outreau revient sur ses accusations

La fille de Franck Lavier, acquitté d'Outreau, est revenue vendredi devant le tribunal sur ses accusations d'agressions sexuelles contre son père, témoignant, comme son frère, du traumatisme infligé à leur famille par la retentissante affaire de pédophilie.

- "Il n'est jamais venu dans votre chambre le soir ?", interroge le président.

- "Non", répond-elle.

- "Il ne vous a jamais léché le sexe ?"

- "Non"

- "Il ne vous a jamais mis un doigt dans votre sexe ?"

- "Non"

Sur le banc des prévenus Franck Lavier, en chemise blanche, jean gris et fines lunettes, l'observe dans le calme. "Soulagé", selon son avocate Me Fabienne Roy-Nansion.

"Je n'ai rien à me reprocher", avait lancé en début d'audience devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) cet homme de 45 ans, qui risque jusqu'à sept ans de prison.

Sa fille, aujourd'hui âgée de 24 ans et mère de quatre enfants, a cédé après trois heures d'audition sur cette question du président: "Est-ce-que les faits se sont passés, ont pu se passer, ou ne se sont jamais passés ?"

"Il ne s'est rien passé de ce que j'ai dit à ma déposition", répond alors cette brune aux cheveux mi-long, vêtue d'une veste en cuir.

- "Pouet pouet" -

L'affaire remonte à 2016: alors âgée de 16 ans, elle confie un courrier à la CPE de son lycée dans lequel elle évoque "un truc grave". "Si je venais à dénoncer mon père, il partirait en prison", y écrit-elle.

La justice est saisie. En audition, l'adolescente assure avoir été victime d'attouchements de la part de son père depuis début 2015. Le parquet ordonne son placement provisoire. Franck Lavier est lui placé sous contrôle judiciaire.

Sept ans plus tard, la jeune femme qui s'avance à la barre apparaît hésitante, alterne entre pleurs, silences et trous de mémoire.

Elle raconte une vie "compliquée", marquée par son placement à même pas deux ans, quand ses parents sont injustement emportés par l'affaire Outreau. Elle ne les retrouvera qu'à l'âge de six ans. Le harcèlement à l'école, ensuite: "On m'appelait l'Affaire Outreau."

Si elle a écrit ce premier courrier, intitulé "Terrible enfance", c'est parce qu'elle se sentait "mal dans (sa) peau".

"Elle cherchait par tous les moyens à fuir cette famille", analyse l'avocate de Franck Lavier, Me Fabienne Roy-Nansion. "Elle n'a jamais trouvé sa place dans cette famille."

Le président lui demande pourquoi elle a menti pendant tant d'années. "J'avais peur des conséquences pour fausses déclarations."

Elle ne maintient qu'un fait: son père lui a "peloté" la poitrine à plusieurs reprises. Mais "c'était un jeu. En passant, +pouet pouet+", dit-elle.

- "Beauf" -

"Un jeu que je qualifierai de beauf", commente ensuite son frère, auditionné après elle, mais dont il n'a "pas souvenir."

Lui aussi se présente comme une victime collatérale de l'affaire Outreau: placé très jeune, brutalisé au lycée, "réputation de violeur".

Lui aussi a subi, comme sa soeur, la maltraitance de ses parents, Franck et Sandrine, condamnés en 2012 à dix et huit mois de prison avec sursis pour ces faits.

Le jeune homme, qui n'a pas assisté au début du procès, apprend lors de son audition que sa soeur, avec qui les liens sont rompus depuis ses accusations, est revenue sur ses propos.

"Je ne savais pas si elle aurait le courage de démentir" ses propos, "je la remercie", réagit-il.

Franck et Sandrine Lavier font partie des accusés d'Outreau. Lui a été condamné en 2004 à six ans de prison pour le viol de sa belle-fille par la cour d'assises du Pas-de-Calais, puis acquitté l'année suivante par la cour d'appel de Paris. Il a passé en tout 36 mois de prison.

L'affaire de viols d'enfants d'Outreau, qui avait entraîné de longues incarcérations pour des innocents, a abouti à un fiasco judiciaire. Après deux procès aux assises en 2004 et 2005, treize des dix-sept accusés ont été acquittés.

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