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Le texte du RN visant à abroger la dernière réforme des retraites qui avait porté l'âge de départ à 64 ans, a été jugée recevable mercredi au bureau de l'Assemblée nationale, ouvrant la voie à un examen qui posera des questions délicates de positionnement à la gauche parlementaire.
La plus haute instance exécutive de l'Assemblée nationale, à majorité de gauche et où le RN n'a actuellement pas de droit de vote, devait se prononcer sur sa recevabilité financière, alors que les députés n'ont théoriquement pas le droit de proposer des mesures aggravant la situation des finances publiques.
Dix députés (sur 22) se sont prononcés pour la recevabilité et sept contre. Les représentants du Nouveau Front populaire ont voté pour. Le texte ira en commission avant une arrivée prévue dans l'hémicycle le 31 octobre.
"Promesse tenue", a salué sur X le député Thomas Ménagé, co-auteur du texte avec la présidente du groupe RN Marine Le Pen. Son texte, consulté par l'AFP, prévoit de faire revenir l'âge normal de départ à 62 ans "à compter de la génération 1955", et de fixer la durée de cotisation requise à 42 annuités, "à compter de la génération 1961".
Une position intermédiaire entre la situation actuelle et une réforme plus ambitieuse, que le RN mettrait en place en cas d'arrivée au pouvoir, ont déclaré plusieurs sources au sein du groupe.
Mais la manoeuvre est aussi une chausse-trappe tendue à la gauche parlementaire, qui a fait de l'abrogation de la réforme des retraites l'un de ses principaux engagements de campagne pendant les législatives.
Au point de voter un texte du groupe d'extrême droite ? "C'est un piège, c'est fait pour ça", a estimé la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain contactée par l'AFP. "Il y a un débat entre "donner le point au RN" et "faire monter la colère", a résumé son collègue Sébastien Peytavie.
Si le questionnement traverse toutes les formations du Nouveau Front populaire, ceux-ci ont tout de même voté pour la recevabilité du texte mercredi. "On est cohérent", défend Cyrielle Chatelain.
L'examen de la recevabilité des propositions des députés est d'abord la responsabilité d'une délégation, confiée à un ou plusieurs membres du bureau.
Sujet d'âpres négociations entre la gauche, le camp présidentiel et la droite, elle a été provisoirement confiée à deux vice-présidents, Xavier Breton (A droite, ex-LR) et Nadège Abomangoli (LFI), qui ne sont pas parvenus à un accord sur le texte du RN. Le bureau a donc été amené trancher.
Au final, la proposition du Rassemblement national est accueillie différemment selon les groupes.
Pour Mme Abomangoli, le texte est "recevable" car "bien gagé d'un montant conforme à l'estimation de la réforme proposée", même si son entourage relève qu'il n'a "aucune chance d'aboutir", et émane "d'un groupe qui ne s'est pas mobilisé dans la rue auprès des syndicats".
En revanche, pour le groupe des élus MoDem (35 sièges, plus un apparenté), il "contrevient" bien au principe interdisant d'aggraver les déficits publics, et sa validation par le bureau équivaut à un "dévoiement de la procédure parlementaire". Et de dénoncer dans un communiqué la "complicité bienveillante du Nouveau Front populaire, qui donne quitus à toute la démagogie et l'irresponsabilité dont le Rassemblement National sait faire preuve, au détriment de l'intérêt général".