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Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est engagé mardi à rétablir des liens étroits avec les syndicats, dont les travaillistes sont historiquement proches, au moment où une loi controversée visant à mettre fin à une allocation sociale a été avalisée au Parlement.
Pour la première fois en 15 ans, un chef de gouvernement britannique a pris la parole au cours de la réunion annuelle de la confédération syndicale britannique TUC organisée à Brighton, dans le sud-est de l'Angleterre.
"Il est temps de tourner la page, en unissant entreprises, syndicats, secteurs public et privé autour d'une cause commune : reconstruire nos services publics et faire croître notre économie", a plaidé Keir Starmer devant des centaines de délégués syndicaux.
Après deux années de grèves massives pour obtenir des hausses de salaires dans de nombreux secteurs, comme ceux des transports et de la santé, le nouveau Premier ministre travailliste cherche à poser les bases d'une relation plus apaisée avec les syndicats.
Très vite après sa constitution début juillet, le gouvernement de centre gauche a fait des propositions d'accord pour augmenter les rémunérations des conducteurs de train et des jeunes médecins et ainsi tenter de mettre fin à deux conflits latents provoqués par la forte inflation au Royaume-Uni.
"Je dois toutefois préciser que ce gouvernement ne mettra pas en danger son objectif de stabilité économique, en aucune circonstance. Et il y aura des décisions difficiles à l'horizon, qui façonneront inévitablement les salaires", a souligné Keir Starmer.
"Personne dans cette salle ne veut entendre de prévisions aussi sombres", a-t-il reconnu, sans démordre de la promesse d'une "discipline de fer".
Le gouvernement la défend par le "trou noir" de 22 milliards de livres (26 milliards d'euros) dans les finances publiques laissé selon lui par les conservateurs.
M. Starmer avait prévenu fin août que le premier budget du gouvernement, qui sera présenté fin octobre, allait être "douloureux".
"C'est une bonne chose d'avoir un gouvernement travailliste", a déclaré à l'AFP le secrétaire général du syndicat RMT (transports) Mick Lynch, en dépit de ces perspectives peu réjouissantes.
"Il doit être ambitieux, audacieux et radical", a-t-il toutefois soutenu, estimant qu'il serait "très difficile" pour le gouvernement de tenir ses promesses avec de telles "règles budgétaires".
- Débat animé -
Le précédent chef de gouvernement à avoir pris la parole au cours de cette grand-messe syndicale avait été le travailliste Gordon Brown en 2009, battu l'année suivante aux législatives par les conservateurs.
Les retrouvailles avec le Labour n'étaient toutefois pas dénuées de tensions. En cause notamment : la décision du gouvernement de mettre fin à un chèque énergie pour quelque dix millions de retraités.
Parmi les détracteurs de cette réforme, la secrétaire générale d'Unite, Sharon Graham, a accusé le parti travailliste d'avoir choisi de "faire les poches des retraités" plutôt que de s'attaquer aux plus riches.
Après un débat animé à la Chambre des Communes, une motion destinée à stopper la réforme a finalement été rejetée par 348 voix (contre 228). Plusieurs députés ont crié "honte !" à l'annonce du résultat.
Dorénavant, seuls les retraités les plus modestes percevront cette aide, d'un montant pouvant aller jusqu'à 300 livres (environ 355 euros).
Annoncée en juillet, cette proposition a suscité la colère de plusieurs députés travaillistes, faisant craindre une fronde au sein de leur parti. Dix-sept d'entre eux avaient signé la motion visant à retarder l'application de cette réforme.
Au sein du gouvernement, "tout le monde comprend" que "des choix difficiles doivent être faits" à cause du bilan de 14 années de règne conservateur, a assuré mardi le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds, sur la chaîne de télévision Sky News.
Fin juillet, sept députés travaillistes avaient déjà été suspendus après avoir réclamé un élargissement des allocations aux familles avec trois enfants.
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