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L'Italie souhaite obtenir pour son ministre expérimenté Raffaele Fitto un poste de tout premier plan au sein de l'UE, une nomination susceptible d'apaiser les rapports entre Bruxelles et le gouvernement d'extrême droite au pouvoir à Rome.
Actuellement ministre des Affaires européennes dans le gouvernement de Giorgia Meloni, M. Fitto convoite le poste de vice-président chargé de l'économie au sein de la nouvelle Commission européenne, qui sera dévoilée par Ursula von der Leyen la semaine prochaine.
La nomination potentielle à un poste aussi puissant de ce membre du parti post-fasciste Fratelli d'Italia (FDI) de Mme Meloni a suscité l'inquiétude, l'eurodéputée française centriste Valérie Hayer la jugeant "intenable".
Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, connu pour ses conflits répétés avec Bruxelles, a de son côté adoubé le 6 septembre M. Fitto, le qualifiant d'"homme excellent".
Considéré comme l'un des membres les plus modérés du gouvernement et doté d'une longue expérience européenne, Raffaele Fitto, 55 ans, est actuellement chargé de superviser le déblocage et la gestion des fonds du plan européen de relance, dont l'Italie est le premier bénéficiaire avec 200 milliards d'euros.
Longtemps proche de l'ex-Premier ministre Silvio Berlusconi, M. Fitto est considéré comme de sensibilité centriste, ce qui en fait un partenaire plus acceptable pour Bruxelles.
Ancienne étoile montante de Forza Italia (FI), le parti conservateur fondé par Silvio Berlusconi qu'il a quitté en 2015 pour rejoindre FDI en 2019, M. Fitto a la politique dans le sang.
A 31 ans, il était ainsi devenu le plus jeune président de région de l'histoire italienne après son élection en 2000 à la tête des Pouilles, le talon de la Botte, une fonction qu'avait déjà occupée son père.
M. Fitto est un habitué des arcanes de Bruxelles, qu'il fréquente depuis sa première élection au Parlement européen (PE) en 1999.
En 2006, il avait été élu député dans les rangs de FI, mais avait démissionné en 2014 après son élection au Parlement européen pour se consacrer essentiellement à son activité européenne.
- Meloni "affaiblie" à Bruxelles -
A Strasbourg, après avoir rejoint les rangs de Fratelli d'Italia, il a été coprésident du groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) de 2019 à 2022.
"Il est bien connu à Bruxelles, modéré, constructif et, à bien des égards, le choix évident" pour l'Italie, a décrypté pour l'AFP Luigi Scazzieri, chercheur au Centre for European Reform (CER). "Il n'est pas susceptible de créer des problèmes. Le problème consiste à obtenir un portefeuille de haut niveau ou un poste de vice-président".
"Certains suggèrent qu'il pourrait obtenir les deux, ce qui ne manquerait pas d'agacer les Verts et les socialistes, Mme Meloni n'ayant même pas voté pour von der Leyen à la présidence de la Commission", a estimé l'expert.
Mme Meloni a refusé de soutenir Mme von der Leyen pour un second mandat en juillet, estimant avoir été exclue du processus de décision sur cette reconduction.
Les européennes de juin ont vu une nette poussée des partis d'extrême droite dans l'ensemble de l'Union, mais les tentatives de Giorgia Meloni pour les réunir en une coalition capable de faire basculer les équilibres au PE ont échoué.
Mme Meloni est "considérablement affaiblie" à Bruxelles, mais Mme von der Leyen "ferait mieux de lui tendre la main", estime Arturo Varvelli, membre du European Council on Foreign Relations (ECFR).
Malgré sa rhétorique nationaliste et populiste, Mme Meloni mène une politique étrangère pragmatique, soutenant l'Ukraine contre les forces russes et retirant l'Italie d'un accord d'investissement controversé avec la Chine.
Rome a également besoin de l'aide de l'UE pour s'attaquer à des problèmes tels que l'immigration clandestine, une priorité de Mme Meloni, rappelle M. Varvelli.
"Il serait contre-productif pour Mme von der Leyen d'adopter une attitude punitive (...) Cela ne ferait que pousser l'Italie encore plus à droite et l'éloignerait de la coopération avec Bruxelles", juge-t-il.
Le 7 septembre, Mme Meloni a balayé les inquiétudes selon lesquelles l'Italie pourrait être sanctionnée par un poste de faible niveau au sein de la Commission, affirmant qu'elle restait "optimiste".