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L'Italie de Giorgia Meloni, nouveau chantre de la discipline budgétaire

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Filippo MONTEFORTE

Le gouvernement italien de Giorgia Meloni se pose en héraut de la discipline budgétaire en affichant vendredi des objectifs ambitieux pour juguler les déficits et n'hésite pas à solliciter les grandes entreprises pour renflouer les comptes publics.

La coalition de droite et d'extrême droite prévoit de ramener le déficit public dès 2026 à 2,8% du Produit intérieur brut (PIB), bien en dessous du plafond de 3% fixé par le Pacte de stabilité européen.

Grâce à des recettes fiscales accrues, Rome compte réduire le déficit à 3,8% du PIB cette année, contre 7,2% en 2023, un objectif plus ambitieux que le ratio de 4,3% envisagé lors des dernières prévisions en avril.

Ces engagements figurent dans le plan de redressement des comptes publics sur sept ans, illustré en conseil des ministres par le ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti, que l'Italie doit adresser à la Commission européenne.

Visée par une procédure européenne pour déficit excessif, comme six autres États membres, l'Italie explique dans son plan la manière dont elle compte revenir dans les clous dès 2026.

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GEOFFROY VAN DER HASSELT

L'Italie se montre ainsi plus vertueuse que la France, autre pays épinglé par Bruxelles pour la dérive de ses déficits.

Le déficit de la France risque de dépasser les 6% du PIB cette année, pire que prévu et très loin des attentes de Bruxelles, a affirmé le nouveau ministre du Budget français Laurent Saint-Martin.

- "Sérieux et prudent" -

Le plan italien de réduction des déficits "adopte une ligne sérieuse, prudente et responsable et s'inscrit dans la continuité de l'action que le gouvernement mène depuis ses débuts", assure de son côté Giancarlo Giorgetti.

Rome vise à ramener le ratio du déficit à 3,3% du PIB en 2025 et à 2,8% en 2026, "ce qui permettra de sortir de la procédure pour déficit excessif", relève-t-il.

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GABRIEL BOUYS

Mais le ratio de l'énorme dette de l'Italie, soit 134,8% du PIB en 2023, devrait encore continuer à augmenter avant d'amorcer une décrue à partir de 2027.

En cause, des primes vertes très généreuses pour la construction lancées en 2020 par le gouvernement de Giuseppe Conte qui continuent à plomber les comptes.

Le gouvernement Meloni peine à boucler le projet de budget 2025 et financer certaines promesses électorales, dont des baisses d'impôts pour les revenus modestes et des mesures pour relancer la natalité.

Réduction des déficits oblige, le budget s'annonce très serré et devrait contenir des mesures pour environ 25 milliards d'euros, dont le coût devrait être compensé en partie par des coupes dans les dépenses.

L'Italie prévoit dans son plan une hausse moyenne limitée à 1,5% par an de ses dépenses publiques nettes sur la période de redressement.

- Contribution des entreprises-

A la recherche de nouvelles ressources, Rome a sollicité une "contribution de solidarité" auprès des entreprises ayant engrangé de gros bénéfices, comme les banques, les assurances ou encore les groupes énergétiques.

"Nous demandons une contribution à tous ceux qui en ont les moyens, en cherchant ensemble la meilleure façon d'atteindre les objectifs", a déclaré M. Giorgetti mercredi lors d'une réunion avec les partenaires sociaux.

Pas question toutefois d'instaurer une nouvelle "taxe sur les surprofits" des banques, assure le ministre, qui cherche à négocier avec elles des moyens de contribuer volontairement aux finances publiques.

L'Association bancaire italienne (Abi) s'est d'ores et déjà montrée prête à jouer le jeu et à mettre au pot, mais a posé ses conditions.

"Ces mesures devraient être de nature temporaire et prédéterminée, avec des effets exclusivement financiers, sauvegardant les actifs et bilans des banques et sans effets rétroactifs", a-t-elle fait savoir.

Giorgia Meloni s'était attiré les foudres du monde des affaires en août 2023 avec une taxe de 40% sur les "surprofits" des banques, annoncée dans la plus grande confusion et amendée deux fois en 24 heures.

Après un mouvement de panique à la Bourse de Milan, le gouvernement avait fait marche arrière et nettement édulcoré son projet.

Rome avait donné aux banques l'option d'augmenter leurs réserves au lieu d'acquitter la taxe. Résultat: cette taxe a rapporté zéro recette au Trésor italien.

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