Partager:
John Swinney, bien parti pour être le prochain Premier ministre écossais, est un vétéran du Scottish National Party, le SNP, qui aura la difficile mission d'unifier un parti divisé et de relancer une cause indépendantiste à la peine.
Cet homme de 60 ans candidat à la succession du chef du gouvernement démissionnaire Humza Yousaf est un proche de l'ancienne Première ministre Nicola Sturgeon, qui a démissionné l'an dernier et dont l'image a depuis été ternie par une enquête sur les finances du SNP.
Il a notamment été sous son mandat vice-Premier ministre de 2014 à 2023, un record de longévité à ce poste.
Encore davantage qu'Humza Yousaf, John Swinney incarne donc la continuité au sein d'un SNP en perte de vitesse dans les sondages et menacé dans ses bastions par l'ascension du parti travailliste à quelques mois des élections législatives britanniques.
"Se distancer de (l'héritage de Nicolas Sturgeon) sera un défi" pour lui, estime James Mitchell, professeur de science politique à l'université d'Edimbourg. Mais c'est "un véritable homme de parti, à la loyauté inébranlable. Il est très apprécié au sein du SNP pour cela", ajoute-t-il.
L'an dernier, John Swinney ne s'était pas présenté au scrutin interne qui avait vu la victoire de M. Yousaf, démissionnant de son poste de vice-Premier ministre et plaidant alors pour l'arrivée au pouvoir d'une "nouvelle génération".
- Main tendue -
Il a promis jeudi en présentant sa candidature d'"unir le SNP et l'Ecosse pour l'indépendance" et de "faire des compromis" au Parlement où son parti seul n'a pas la majorité absolue pour gouverner, insistant sur la nécessité du dialogue.
Ce dirigeant politique pourrait d'ailleurs renouer une alliance avec les Verts, dont l'éviction du gouvernement de coalition par Humza Yousaf la semaine dernière a précipité la chute de ce dernier.
Il a aussi assuré que Kate Forbes, pressentie pour se présenter contre lui en vue de diriger le SNP mais qui y a finalement renoncé, occuperait "une place significative" dans son équipe.
Né à Edimbourg, ce fils de garagiste rejoint à 15 ans le SNP, où il grimpe rapidement les échelons, devenant son secrétaire national au milieu des années 1980. Il est d'abord élu député au sein du parlement britannique en 1997, puis au parlement écossais en 1999.
Il a occupé plusieurs postes ministériels, en particulier aux Finances, à la Relance post-pandémie de Covid 19 et à l'Education. Il avait dû surmonter deux motions de défiance en 2020 et 2021 après des critiques sur sa gestion.
Physique sec, crane chauve et lunettes rectangulaires, John Swinney a déjà dirigé le SNP, entre 2000 et 2004, lorsque ce parti était dans l'opposition en Ecosse.
Le SNP a alors périclité, perdant la quasi totalité de ses députés à Westminster en 2001 et n'en conservant que 22 au parlement écossais en 2003, le poussant à démissionner l'année suivante.
John Swinney voit sa carrière relancée en 2007 après la large victoire du SNP, qui devient la première force politique écossaise.
"Je ne suis pas un chef par intérim", a-t-il assuré jeudi, promettant de mener le SNP au-delà des prochaines législatives britanniques cette année et aux élections pour renouveler Holyrood, le parlement écossais, en 2026.