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Les émeutes qui se déroulent en ce moment au Royaume-Uni sont les pires dans le pays depuis 13 ans. Ces violences sont attribuées à l'extrême droite. Mais de qui parle-t-on exactement? Qui sont ces émeutiers qui sèment le chaos?
Des mosquées assaillies ou des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile pris pour cible. Des rassemblements violents à l'appel de groupes d'extrême droite après la mort de trois fillettes tuées dans une attaque au couteau dans le nord-ouest de l'Angleterre.
Au cœur de ces violences, la Ligue de Défense Anglaise. Un groupuscule d'extrême droite fondé en 2009 qui avait connu un certain déclin ces dernières années. "Il n'existe plus officiellement", explique Manuel Abramowicz, spécialiste de l'extrême droite. "Ses supporters, ses anciens membres et notamment un de ses leaders fondateurs sont toujours actifs sur le terrain du football et en particulier chez les supporters politisés et qui sont donc des nationalistes d'extrême droite blancs, comme on dit en Angleterre."
Son leader est Tommy Robinson, Stephen Yaxley-Lennon de son vrai nom. Connu pour ses propos islamophobes et anti-immigration, son nom est scandé par les émeutiers.
De la désinformation
Ce groupe est à l'origine des rumeurs sur les réseaux sociaux sur le profil de l'agresseur présumé de l'attaque au couteau. Il le désigne comme un demandeur d'asile de confession musulmane. La police dément. Il s'agit d'un jeune homme de 17 ans né à Cardiff au Pays de Galles, dont la famille est d'origine rwandaise.
Mais il est trop tard, des émeutes éclatent dans tout le pays. "La désinformation a catalysé une énorme colère en ligne particulièrement dirigée contre les communautés musulmanes et les migrants sur la base de fausses informations", dit Milo Comerford, expert à l'Institut pour le dialogue stratégique.
"Une colère qui existe dans la population et qui va être instrumentalisée par certains et qui va s'exprimer de manière violente", ajoute Manuel Abramowicz. "Mais là-dessus va se greffer d'autres personnes aussi. D'autres personnes qui vont peut-être y aller pour lutter contre le gouvernement ou contre leur situation socio-économique."
Une première depuis 2011
Le pays n'avait pas connu une telle flambée depuis 2011 après la mort d'un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres.
Mais ces émeutes ont des racines plus profondes. Elles touchent principalement des villes désindustrialisées au nord de l'Angleterre. "L'Angleterre est en proie à une crise économique importante qui existait avant le Brexit, qui s'est aggravée avec le Brexit", dit Manuel Abramowicz. "Une partie de la population qui se sent totalement exclue."
Ces attaques racistes sont aussi alimentées par la montée de discours anti-immigration. Lors des dernières élections, le parti d'extrême droite Reform UK a réuni près de 14 % des voix. Un score historique.