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Ouverture du procès en appel de l'accident mortel de bus scolaire de Millas, en présence de la conductrice

Sept ans après l'accident de Millas (Pyrénées-Orientales), où six collégiens sont morts dans la collision entre leur bus et un TER, la conductrice était bien présente lundi à l'ouverture de son procès en appel, à Aix-en-Provence, déterminée à prouver que les barrières étaient levées.

Condamnée en première instance, à Marseille, Nadine Oliveira, 55 ans, n'entend pas changer de position: elle maintient qu'elle n'a pas percuté les barrières du passage à niveau, a indiqué à l'AFP son avocat, Me Jean Codognès, avant l'audience.

La défense a d'ailleurs demandé dès l'ouverture des débats la citation de nouveaux témoins et experts, demandant la nullité d'une expertise ferroviaire déposée lors du premier procès, pour conflits d'intérêt avec la SNCF.

La question de savoir si la conductrice avait forcé ou pas la barrière du passage à niveau, en ramenant un groupe de 23 adolescents vers la commune de Saint-Feliù-d'Avall, dans la région de Perpignan, avait été au cœur des débats du procès en première instance.

Jugée responsable de ce drame, dans lequel 17 enfants avaient aussi été blessés, dont huit grièvement, après que le car a été littéralement coupé en deux, Nadine Oliveira avait été condamnée à cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, pour homicides et blessures involontaires, en novembre 2022. Un jugement dont elle avait aussitôt fait appel.

- "Avoir des excuses" -

Un autre motif de l'appel, a rappelé à la barre l'autre conseil de Me Oliveira, l'avocat Louis Fagniez, est le refus du tribunal de Marseille, en novembre 2022, de renvoyer le procès, alors que la prévenue avait été victime d'un infarctus au quatrième jour d'audience et avait dû être hospitalisée jusqu'à la fin des débats.

Arrivée au tribunal d'Aix en début d'après-midi, cheveux auburn coupés courts et vêtue d'un tailleur noir, Nadine Oliveira "n'a jamais manifesté la volonté de ne pas participer à son procès", a martelé Me Fagniez. "Nadine Oliveira est là pour faire face à ses responsabilités", a-t-il encore assuré.

La quinquagénaire, qui vit aujourd'hui dans le Gard, a un "suivi psychiatrique" important et est "sous médicaments", selon ses conseils. Au début de l'audience, le président du tribunal a noté que selon un certificat médical du 1er octobre son état "contre-indique une station debout prolongée".

Entendre Nadine Oliveira, c'est justement ce qu'espère Alicia Poveda, 19 ans, amputée d'une jambe dans l'accident. La jeune femme espère, cette fois, "avoir des excuses" de la part de la conductrice.

"J'attends qu'elle soit coupable et nous, victimes, pour de bon", a-t-elle confié à l'AFP.

La jeune femme raconte être "devenue adulte du jour au lendemain, à l'âge de 13 ans", raconte-t-elle. "J'y pense tous les jours, tous les jours en me levant j'ai une jambe en moins, ça a gâché ma vie, celle de mes parents, de tout le monde autour de moi".

Pour ce deuxième procès, les parties civiles, au nombre de 123 dans le dossier, sont bien moins nombreuses dans la salle d'audience qu'en première instance. Seuls une vingtaine de jeunes victimes de l'accident et de parents étaient ainsi présents à l'ouverture des débats.

Le procès en première instance s'était tenu à Marseille, à plusieurs centaines de kilomètres du lieu du drame, car la cité phocéenne est la seule ville avec Paris à accueillir un pôle spécialisé dans les accidents collectifs.

Les débats, prévus jusqu'au 25 novembre, seront retransmis en direct au tribunal judiciaire de Perpignan.

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