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Une quinquagénaire est morte emportée par une coulée de boue ayant également blessé son conjoint dans l'Aisne, après des orages dans la nuit de mercredi à jeudi qui ont entraîné des dégâts en Bourgogne et des perturbations du trafic aérien.
L'eau est arrivée soudainement vers minuit dans une rue de Courmelles (Aisne), une commune de 1.850 habitants proche de Soissons, ont rapporté des habitants.
"Une coulée de boue s'est engouffrée dans ce secteur d'une dizaine d'habitations et s'est accumulée particulièrement dans une maison", a indiqué à l'AFP le maire Arnaud Svrcek (sans étiquette) , précisant que "la façade de la maison a explosé".
"Le monsieur a réussi à s'extirper, avec des contusions à la tête, mais la dame a été emportée", a-t-il déploré, se disant "sous le choc".
L'eau est montée à plus d'1m60 dans la maison en parpaings construite en pied de colline, a constaté un photographe de l'AFP. La coulée a tout emporté sur son passage, laissant quatre pièces béantes côté rue et quelques meubles éventrés sur la chaussée.
"Ce matin quand je me suis levé de bonne heure, j'ai découvert plein de choses sur la route, un fauteuil en face de chez moi", raconte Jacques Dupont, 75 ans, habitant face à la maison touchée. Un voisin "a réussi à attraper l'homme" mais la femme "est partie avec le torrent", rapporte le septuagénaire. "C'est vraiment tragique".
De nombreux pompiers ont été déployés et des pelleteuses ont déblayé les gravats dans la rue maculée de boue.
Selon la préfecture, c'est un "événement intense et très localisé de précipitations" qui "a engendré un phénomène de ruissellement et de coulée de boue".
Courmelles a été touchée à plusieurs reprises ces dernières décennies par des coulées de boues, la dernière en date en 2021.
La ville n'avait néanmoins jamais connu un phénomène d'une telle violence, indique le maire, rappelant que les sols sont actuellement gorgés d'eau après des mois de précipitations élevées.
"Avec les phénomènes météorologiques qu'on rencontre, l'extraordinaire devient la norme", constate-t-il.
Le département était classé en vigilance orange aux orages mercredi, comme une quinzaine d'autres, par Météo France.
Les orages se sont évacués jeudi "en Manche vers l'Angleterre", entraînant la levée de la vigilance orange, mais neuf départements des Hauts-de-France et du Grand-Est restent classés en vigilance jaune aux orages jusqu'à minuit selon le bulletin à 16h00.
- Gros comme des noix -
Dans l'Oise, les pompiers ont décompté 215 interventions liées aux intempéries, particulièrement à Creil, Noailles, Lamorlay, beaucoup pour des inondations à domicile.
Les orages de mercredi soir ont empêché une quarantaine de vols d'atterrir à Paris-Orly et Roissy-Charles-de-Gaulle, et ils ont dû être déroutés notamment vers Nantes, Lyon, Bruxelles et Liège en Belgique, a indiqué jeudi le gestionnaire des aéroports parisiens.
Les fortes précipitations ont provoqué "des infiltrations dans plusieurs terminaux" mais les vols ont repris de façon normale jeudi matin, selon ADP.
Le trafic TER a également été perturbé sur quelques lignes en Rhônes-Alpes-Auvergne jeudi, en raison d’inondations et de chutes d'arbres, a indiqué la SNCF.
La circulation a été temporairement interrompue jeudi entre Vichy et Saint-Germain-des-Fossés, dans l'Allier, et des ralentissements sont en cours dans le Rhône à l'ouest de Lyon.
De violentes averses de grêle ont touché la région de Chablis (Yonne), vignoble de réputation internationale, provoquant des dégâts "très importants", selon des viticulteurs.
Mercredi soir, la zone a été traversée par deux "supercellules grêligènes", selon Météo-France, provoquant par endroits la chute de grêlons parfois gros comme des noix.
"Les pousses sur les vignes sont encore jeunes et donc fragiles", a souligné le vice-président de l'Association des producteurs de Chablis, Frédéric Gueguen.
"Il n'y aura pas beaucoup de Chablis cette année", estime pour sa part Arnaud Nahan, co-propriétaire du Domaine du Chardonnay, à Chablis. "La grêle a tout haché", dit-il à l'AFP, relevant qu'"à certains endroits, on est à 100% de pertes".
A mesure que la planète se réchauffe, l'atmosphère contient plus de vapeur d'eau, augmentant les risques d'épisodes de fortes précipitations dans certaines régions du monde, notamment en Europe de l'Ouest.
bur-pho-vid-cnp/bj/hj