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La banque espagnole BBVA a défendu mercredi son projet de fusion avec sa concurrente Sabadell, censé donner naissance à un géant bancaire européen, en promettant d'éviter des "mesures traumatisantes" pour les salariés, face aux craintes exprimées par les syndicats.
Le rapprochement entre les deux groupes permettra de créer une entité "plus solide et efficace", grâce à la "complémentarité" des deux entreprises, a assuré la deuxième banque espagnole dans un communiqué publié 24 heures après l'annonce de ce projet de mariage.
L'entité issue de cette fusion deviendrait en effet "l'une des institutions financières les plus importantes et les plus solides d'Europe, avec un actif total de plus de 1.000 milliards d'euros et plus de 100 millions de clients dans le monde", détaille le communiqué.
"Cette plus grande échelle" permettrait aux deux banques "de mieux relever les défis structurels du secteur", insiste le groupe originaire du Pays basque, qui promet par ailleurs d'éviter les "mesures traumatisantes ou affectant singulièrement les salariés" en cas de fusion.
BBVA, qui reprend dans son communiqué les termes d'une lettre envoyée mardi soir au conseil d'administration de Sabadell, donne par ailleurs les détails de l'offre soumise à sa concurrente, qui n'avaient jusqu'alors pas été dévoilés.
Le groupe présidé par Carlos Torres Vila propose ainsi d'échanger une action nouvelle de BBVA contre 4,83 titres Sabadell, soit une prime de 30% par rapport au cours de clôture de l'action Sabadell le 29 avril. Cette offre valorise Sabadell à près de 11,5 milliards d'euros.
"Après la fusion, les actionnaires de Banco Sabadell détiendraient 16% de l'entité" commune, ajoute le groupe basque, qui propose par ailleurs que le futur groupe dispose d'un double siège, dont l'un à Barcelone, d'où est originaire Sabadell, et de "préserver la culture des deux entités".
A ce stade, Sabadell n'a pas indiqué quelle était sa position vis-à-vis de ce projet, se contentant de préciser dans un court communiqué publié mardi que son conseil d'administration allait "analyser de façon adéquate tous les aspects de la proposition".
- "Nous allons être vigilants" -
L'annonce de ce projet de fusion, qui survient trois ans et demi après l'échec d'une première tentative de rapprochement, a surpris les marchés et a fait naître des craintes de suppressions d'emploi.
"Nous allons être vigilants" sur l'opération "afin que ce processus ne se traduise pas par des pertes d'emplois", a ainsi assuré mercredi le secrétaire général du syndicat UGT, Pepe Alvarez, en marge du défilé du 1er mai.
"Les banques de notre pays ont dégagé des profits extraordinaires ces dernières années, en conséquence des aides fournies par l'État durant la crise financière" de 2008: "elles doivent être conscientes qu'elles ont un engagement vis-à-vis de la société", a-t-il ajouté.
Une mise en garde relayée par la ministre du Travail Yolanda Diaz, numéro trois du gouvernement de gauche espagnol. "Normalement, ces fusions sont utilisées pour fermer des agences, procéder à des licenciements importants (...) Je sais très bien comment cela fonctionne", a-t-elle déclaré.
Présente en Espagne, mais aussi au Mexique ou en Turquie, BBVA est la deuxième banque espagnole en matière de capitalisation (60 milliards) et de clients (74,1 millions). Sabadell est pour sa part quatrième, avec 20 millions de clients et 9,8 milliards de capitalisation.
Leur fusion donnerait naissance à un groupe capable de rivaliser avec Santander, première banque espagnole avec 72 milliards d'euros de capitalisation et 166 millions de clients, mais aussi avec les autres géants européens, comme HSBC ou BNP Paribas.
Le secteur bancaire espagnol a connu une importante consolidation depuis la crise de 2008, marquée par la quasi disparation des caisses d'épargne provinciales, absorbées par les poids lourds du secteur. Ces fusions se sont traduites par des dizaines de milliers de suppressions d'emplois.
Le groupe BBVA avait déjà annoncé un projet de fusion avec Sabadell en novembre 2020, afin à l'époque de mieux résister à la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19. Mais ce projet avait été abandonné dix jours plus tard, en raison d'une offre jugée insuffisante par Sabadell.