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L'ex-star du rap Moha La Squale, 29 ans, a été condamné vendredi à Paris à quatre ans d'emprisonnement, dont un an avec sursis, pour des violences conjugales envers six ex-compagnes, des faits qu'il a largement niés.
L'artiste aux cheveux longs, passé par le Cours Florent, et dont le premier album "Bendero" a été disque d'or en 2018, a été reconnu coupable de violences, séquestrations et menaces de mort à l'encontre des six plaignantes - qu'il a, pour certaines, qualifiées de "plan cul" pendant l'audience.
Il devra les indemniser pour leur préjudice moral, à hauteur de 2.500 à 10.000 euros chacune, et s'est vu interdire d'entrer en contact avec elles.
Le tribunal correctionnel a ordonné le maintien en détention de Mohamed Bellahmed - le vrai nom de l'artiste -, qui a déjà passé près de 17 mois derrière les barreaux, et lui a ordonné d'entreprendre un suivi psychologique, et de soigner son addiction au cannabis.
Jeudi, la représentante du parquet avait requis six ans de prison, dont deux avec sursis, contre le prévenu, un homme qui ne se "remet pas en question", selon elle.
Les victimes, avait-elle retracé, ont toutes été soumises à un schéma similaire de violences: elles étaient d'abord "amadouées", puis subissaient des maltraitances psychologiques (insultes, propos humiliants), des menaces de mort et enfin des sévices physiques: gifles, tirages de cheveux, étranglement, étouffement avec un oreiller.
Les six femmes ont "unanimement" décrit le "double visage" de leur ex-compagnon, à la fois "doux, gentil, affectueux" mais pouvant aussi "vriller en une seconde et devenir cette autre personne, jalouse, colérique, capricieuse, impulsive, violente et paranoïaque", avait souligné la procureure.
Plusieurs victimes n'ont pu retenir leurs larmes pendant leur déposition lors du procès. "Je ne supportais plus cette vie-là, j'avais envie de mourir", a raconté l'une, qui s'est décidée à porter plainte quand elle s'est rendu compte "qu'il allait sortir un nouvel album, comme si de rien n'était".
"Je n'avais plus de vie, plus aucun droit humain", avait résumé une autre.
- "Complot" -
Le rappeur, de son côté, avait répété pendant les débats que ses accusatrices mentaient, et s'était dit victime d'un "complot" de leur part - tout en s'excusant de leur avoir "fait du mal".
Son avocate, Me Elise Arfi, s'était ingéniée dans sa plaidoirie à contrer l'image d'un "monstre": elle avait décrit un homme "isolé", "complètement dépassé" par sa soudaine célébrité à 23 ans - il a même un temps noué un partenariat avec la marque de vêtements Lacoste.
Désormais condamné, Moha La Squale ne devrait "a priori" pas faire appel de ce jugement, a indiqué aux journalistes Me Arfi, saluant une décision "équilibrée" et "intelligente", car prévoyant un "accompagnement" du jeune homme.
Depuis l'époque des faits (de 2017 à 2021), l'artiste a "beaucoup changé, beaucoup vécu", et "je ne pense pas que ce qui lui est arrivé à 23 ans pourrait se reproduire aujourd'hui", a affirmé son avocate.
La décision "équilibrée et juste" du tribunal est "accueillie avec soulagement par les victimes", a également commenté Me Antonin Gravelin-Rodriguez, qui défendait l'une d'elles. Cela démontre selon lui que "la justice entend de mieux en mieux les violences faites aux femmes".
"J'ai le sentiment d'avoir été entendue", a ainsi dit une des plaignantes, après avoir éclaté en sanglots lors du délibéré. Après une "procédure longue et difficile", la jeune femme peut désormais "tourner la page sur ce calvaire", s'est félicitée son avocate, Me Alix Dominicé.
Quant à Moha La Squale, il a affirmé lors du procès qu'il espérait revenir un jour à la musique. "Ca lui tient à coeur", a commenté vendredi son avocate, concédant toutefois que ce serait "à ses fans d'en décider".