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L'Académie Goncourt, qui remet le plus prestigieux des prix littéraires français, a changé de président lundi, portant à sa tête l'écrivain Philippe Claudel à l'issue d'une élection serrée.
L'auteur des "Âmes grises", 62 ans, a récolté cinq voix contre quatre pour un autre membre de l'Académie, Pierre Assouline.
Tous deux étaient candidats pour succéder à Didier Decoin, 79 ans, qui cédait le poste après l'avoir occupé quatre ans. M. Decoin avait lui-même succédé en janvier 2020 à Bernard Pivot, décédé le 6 mai.
L'Académie n'avait pas prévenu qu'elle remplaçait son bureau lundi soir, alors qu'elle se réunit traditionnellement le mardi. Mais, a-t-elle précisé, certains de ses membres comptent se rendre aux obsèques de M. Pivot, prévues dans l'après-midi à Quincié-en-Beaujolais (Rhône).
On ne savait pas non plus avec certitude que M. Decoin, prix Goncourt 1977, allait céder la présidence.
Il l'avait tout de même laissé entendre en expliquant que la charge lui paraissait "lourde".
En octobre, il expliquait ce que beaucoup savaient, à savoir que deux autres jurés étaient intéressés par le poste.
"Claudel en a envie, Assouline aussi, mais je n'ai pas l'impression qu'ils ont envie de mordre pour ça", disait-il au Nouvel Obs.
Philippe Claudel paraissait le favori de ce duel à venir car il occupait le poste de secrétaire général, ce qui faisait de lui le dauphin naturel de M. Decoin.
- Présidence mouvementée -
"Philippe Claudel est élu président par cinq voix contre quatre à Pierre Assouline", a détaillé l'Académie Goncourt dans un communiqué.
Seuls neuf des dix jurés du Goncourt ont pu voter car l'une d'entre eux, Paule Constant, 80 ans, a quitté ses fonctions. Elle "est désormais membre honoraire", a indiqué l'Académie.
Les quatre prix Goncourt présidés par M. Decoin ont donné lieu à une histoire assez mouvementée.
Le premier, en 2020, décalé de plusieurs semaines à la fin novembre, a été remis à huis clos, en raison de la pandémie de Covid-2019, à Hervé Le Tellier pour "L'Anomalie".
Les deux derniers ont vu les jugés s'opposer frontalement pendant 14 tours, avec cinq voix contre cinq.
Le règlement prévoit dans ce cas que la voix du président compte double au dernier tour, ce qui a permis de couronner "Vivre vite" de Brigitte Giraud, en novembre 2022, puis "Veiller sur elle" de Baptiste Andrea, en novembre 2023.
Les deux fois, Pierre Assouline était dans le camp des déçus, ceux qui auraient préféré attribuer le prix Goncourt à Giuliano Da Empoli pour "Le Mage du Kremlin", puis à Éric Reinhardt pour "Sarah, Susanne et l'écrivain".
La trésorière de l'Académie, Camille Laurens, a été élue secrétaire. Elle garde cette fonction par intérim, le temps de lui désigner un successeur.
Le retrait de Mme Constant libère un "couvert" au sein de l'Académie, comme on désigne les places de jurés. Celle-ci se réunit en effet chaque mois à Paris, au restaurant Drouant, le lieu où est remis le prix depuis 1914, à l'exception de l'édition 2020. Il faudra donc trouver un nouveau ou une nouvelle jurée.
Le prix Goncourt permet de remporter seulement un chèque de 10 euros. Mais il garantit à son lauréat des ventes en centaines de milliers de son roman.