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Nous vous en avons déjà parlé: en Wallonie, les aides financières pour l'installation de panneaux photovoltaïques ont totalement disparu. En outre, une taxe dite 'prosumer' arrive en 2020: les propriétaires d'installation photovoltaïque devront payer plusieurs centaines d'euros par an. Aux dernières nouvelles, il s'agira sans doute des nouveaux propriétaires de panneaux, et pas de ceux qui en possèdent déjà. C'est ce que souhaite Jean-Luc Crucke (MR), ministre wallon de l'énergie, qui veut exonérer les installations existantes. Le dossier est discuté actuellement au niveau du gouvernement wallon.
Les calculs de rentabilité ne valent donc actuellement plus grand-chose, et on se dirige vers une durée plus longue avant de récupérer son investissement, du moins pour ceux qui installeront leurs panneaux à partir de 2020. Le cas d'Ali que nous avons évoqué il y a quelques semaines est révélateur de cette période de transition.
Dès lors, la durée de vie des installations devient une donnée très importante. Jérémie est Suisse et il a contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous. La durée de vie des panneaux, justement, il connait. Jérémie travaille pour PrimeEnergy Cleantech, une grosse entreprise suisse qui installe des centrales solaires (un grand nombre de panneaux, typiquement en recouvrant les toits de grandes usines) dans plusieurs pays européens, principalement en Suisse et en Allemagne.
Sur le toit d'une Université en Suisse, la première centrale reliée au réseau (1982) fonctionne encore à 70% de sa capacité initiale
Pas de durée de vie précise, mais une dégradation d'efficacité
La durée de vie moyenne d'un panneau, "c'est difficile à dire", estime-t-il. Et pour cause: "La première centrale européenne à avoir été raccordée au réseau se trouve en Suisse, et elle est toujours en activité. Elle fonctionne encore avec 70% d'efficience, par rapport à sa puissance initiale". Son âge ? "Un peu plus de 35 ans".
En d'autres termes: les panneaux photovoltaïques (ils sont plus ou moins tous équivalents dans leur mode de fonctionnement) ne tombent pas en panne après un certain nombre d'années, "ils ne s'autodétruisent pas du jour au lendemain", plaisante notre interlocuteur.
En réalité, c'est un peu comme la batterie de votre smartphone: dès que vous commencez à l'utiliser, elle perd un peu de sa capacité, à chaque cycle de charge/décharge. Il en va de même pour les cellules photovoltaïques des panneaux, composées de silicium. On parle d'une très lente dégradation au fil des ans, car "en fait, le silicium, pour faire simple, s'use un peu à cause du soleil". D'après Jérémie, "une dégradation théorique de 0,4% par année est donc calculée ; dans la réalité, nous sommes plutôt aux alentours de 0,1% à 0,2%", pour autant que le propriétaire ne laisse pas une couche de poussière ou de pollen se former au fil des ans.
Dès lors, un fabriquant de panneaux parle de garantie de rendement par rapport aux nombres d'années. "Avec du matériel de bonne facture, ça peut durer très longtemps. Typiquement, des particuliers trouveront des garanties de 80% de rendement après 25 ans, ou 85% de rendement après 20 ans", selon le type de panneau.
Ce qui a changé en 10 ans, ce n'est donc pas la longévité des panneaux, qui intrinsèquement n'ont pas beaucoup évolué. En fait, "là où il y a eu beaucoup d'améliorations, c'est par rapport à l'efficacité, au rendement".
Une efficacité améliorée au mètre carré
Nous avons été plus près de chez nous pour trouver un autre professionnel du panneau photovoltaïque. La société d'Alexis Vander Putten, Energreen (Wavre), a réalisé 1.800 installations en 2018, principalement sur des toits de particuliers.
Il nous confirme que la durée de vie des panneaux n'a pas changé. "Ça bouge assez peu, même si on revient 10 ans en arrière. Il y a eu quelques 'maladies' sur certains panneaux, entre 2010 et 2013, donc une génération de cellule, mais les procédés de fabrication de certains constructeurs ont été ajustés". Alexis va plus loin: "L'entreprise Sunpower, par exemple, un de nos fournisseurs, existe depuis 35 ans, donc la technologie est largement maîtrisée".
Il n'y a donc pas eu de "bond technologique", même si petit à petit, les constructeurs repoussent les dégradations de leurs panneaux, "par exemple en augmentant la qualité du verre, pour éviter les microfissures qui à terme, diminuent le rendement".
Le patron d'Energreen confirme donc ce que dit Jérémie: "Ce qui a changé, c'est le rendement par mètre carré de panneaux solaires installés. Il y a 10 ans, on était à 210 watt-crète par mètre carré. On est actuellement aux alentours de 290 watt-crête".
Pour le rendement et la durée de vie (robustesse), tout dépend des panneaux, du matériel. Et selon notre interlocuteur, il vaut mieux choisir la qualité si on veut de meilleures garanties de rendement. "Le coût total d'une installation varie seulement de 10 à 15% si on choisit des meilleurs panneaux solaires, dont on incite généralement à prendre du haut de gamme".
Enfin, n'oublions pas l'onduleur, qui est un élément essentiel de l'installation (il convertit l'énergie issue des panneaux en courant alternatif utilisable sur le réseau). D'après Alexis, "si on choisit du bon matériel, il tiendra normalement 25 ans, sauf panne spécifique". En Suisse, au niveau des particuliers, "on recommande les micro-onduleurs, donc un par panneau, et c'est généralement garantit 20 ans", explique Jérémie.
Il n'y a pas eu de bond technologique ces dernières années
Conclusion: investir dans des panneaux est rentable, même en Wallonie
Lorsqu'on a évoqué le cas d'Ali et de son installation, on avait dû revoir ses calculs. De 6 ans (avec prime et sans taxe), on est passé à 10 ans (sans prime et avec taxe) avant que l'investissement soit rentabilisé.
Il reste à mettre cette période en regard avec la durée de vie d'une installation, qu'on vient d'évoquer. Au-delà de 10 ans, donc quand vos panneaux sont amortis grâce aux factures d'électricité que vous n'avez pas du payer (cette durée pourrait diminuer si le prix de l'électricité continue d'augmenter, notez-le bien), votre installation commencera à vous rapporter de l'argent (toujours grâce aux factures que vous ne payez pas).
A ce moment, cette installation tournera encore à plus de 90 % de sa capacité. Et dix ans plus tard, soit 20 ans après l'installation, le constructeur garantit encore un rendement équivalent à 85% de la puissance initiale. Donc la durée de vie du panneau n'est pas spécialement un souci dans le calcul de rentabilité d'une installation.
Finalement, vu que le coût d'un panneau ne représente qu'une partie du coût totale d'une installation, il serait judicieux d'en mettre quelques-uns en plus, quitte à produire trop d'énergie durant les 10 premières années. Dès lors, même si le rendement diminue, il restera longtemps suffisant pour couvrir vos besoins annuels.