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Depuis décembre dernier, une décision de justice oblige le gouvernement fédéral belge de rapatrier dix enfants de djihadistes qui séjournent dans le camp syrien d’Al-Hol. Le 24 janvier, le délai est dépassé. Une astreinte de 5.000 euros par jour de retard et par enfant est alors exigée. Et cette amende ne laisse pas indifférent. Pour certains, elle est choquante alors que d’autres soutiennent les enfants.
Si les enfants étaient rapatriés aujourd’hui, ils toucheraient déjà 90.000 euros par personne à cause de ce retard. "Les enfants se trouvent dans une situation pénible, mais ce sont leurs mères et leurs pères qui empêchent que les enfants puissent rentrer. Les parents ont fait un appel contre le jugement pour également rentrer avec. C’est ce que la population n’accepte pas. Ils sont partis et voulaient faire la guerre. Aujourd’hui, ils prennent leurs enfants en otage pour avoir un ticket vers la liberté. Si on veut vraiment protéger les enfants, il faut reprendre la garde parentale", indique Darya Safai, députée fédérale (N-VA), sur le plateau de l’émission C’est pas tous les jours dimanche. "Aujourd’hui, on en est à 700.000 euros que le gouvernement doit payer, c’est inacceptable."
Pourquoi cette astreinte de 5.000 euros par jour de retard et par enfant ? "Le 11 décembre dernier, le tribunal de Bruxelles a décidé de condamner l’Etat belge afin qu’il rapatrie des enfants de Syrie en Belgique dans un délai de six semaines. Toutes les mesures nécessaires devaient être prises. Les astreintes sont là pour que l’objectif soit atteint. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. On vit dans un état de droit. Si des tribunaux ont condamné l’Etat belge, celui-ci doit suivre le jugement", regrette Abderrahim Lahlali, avocat des enfants. "Jusqu’à présent, on a juste envoyé un diplomate en Irak…"
Pourquoi l’Etat belge ne va pas plus loin ? "La Première ministe Sophie Wilmès ainsi que le ministres des Affaires étrangères Philippe Goffin ont dit que c’était notre devoir humanitaire de rapatrier les enfants en-dessous de dix ans. Mais la situation actuelle est plus complexe", a explique Michel De Maegd, député fédéral (MR). "Le jugement dont vous faites allusion est un jugement qui dit qu’il y a une obligation de moyens et pas une obligation de résultats. La Belgique met les moyens pour essayer de résoudre cette problématique. Elle a envoyé son ministre des Affaires étrangères dans la région pour essayer de dialoguer avec les autorités, notamment kurdes, qui ont l’administration du fameux camp d’Al-Hol en Syrie. Un juge consulaire a aussi été envoyé. Il aurait bien aimé avoir une rencontres avec les Kurdes à la frontière irako-syrienne. On ne peut pas demander au gouvernement l’impossible. Ce sera au juge de dire si nous avons bien fait notre travail. Le gouvernement a fait appel sur le volet des astreintes afin de ne pas les payer. Elles nous paraissent injustifiées. Les parents ont renié toutes les valeurs de notre état de droit, et ils utilisent celles-ci pour essayer d’être rapatriés."
"Il ne faut pas comparer la situation des enfants et celles des parents", souligne Abderrahim Lahlali. "Philippe Goffin est allé en Irak, il a parlé avec les mauvais représentants. Ce n’est pas avec les Kurdes d’Irak qu’il faut dialoguer. Votre gouvernement n’a pas honoré le jugement. Ces astreintes sont là pour mettre la pression."
Michel De Maegd lui a répondu: "Philippe Goffin n’est pas allé uniquement en Irak mais aussi en Jordanie, au Kurdistan… il rencontre l’ensemble des interlocuteurs donc vous n’êtes pas au courant de ce qui se passe. Il y a des choses qui doivent se faire avant de ramener les enfants, à des multiples niveaux et de façon discrète."