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"A partir de ce soir, nous avons prévu de stopper le Carnaval et toutes les manifestations sportives jusqu'au 1er mars", a précisé Luca Zaia, en annonçant une série de mesure pour contrecarrer l'avancée du virus.
A l'heure actuelle, la province compte 25 cas de contamination par le covid-19, dont deux à Venise-même.
3 morts
Un troisième décès lié au coronavirus a été enregistré ce dimanche en Italie, selon une source officielle. Il s'agit d'une "femme âgée qui était hospitalisée à Crema (près de Crémone, en Lombardie, ndlr) depuis plusieurs jours et dont les tests montraient qu'elle avait contracté le coronavirus", a expliqué lors d'une conférence de presse à Milan, l'adjoint régional à la Santé, Giulio Gallera. Il a précisé qu'elle avait été admise "en oncologie dans un état grave".
11 villes en quarantaine
Les 52.000 habitants de 11 villes dans le Nord de l'Italie se sont réveillés dimanche en quarantaine, avec interdiction d'entrer et sortir de leur zone, après une brusque multiplication des cas de nouveau coronavirus et les deux premiers décès d'Européens sur le continent. Le gouvernement a adopté samedi soir un décret-loi très strict qui met à l'isolement 11 villes, 10 en Lombardie (région de Milan, nord-ouest) et 1 près de Padoue en Vénétie (région de Venise, nord-est).
Le foyer situé à Codogno
Le principal foyer de ce qui pourrait être une épidémie autochtone de Covid-19 en Europe, inédite à cette échelle, se trouve autour de Codogno, une localité de 15.000 habitants dont beaucoup travaillent aux alentours ou à Milan, à 60 km de là. Arrivés de Milan par l'autoroute, des journalistes de l'AFP ont vu dimanche des voitures entrant et sortant de Codogno et du village voisin de Casalpusterlengo où une file s'est formée devant un supermarché Lidl. Les clients entrent par groupe de 40 personnes, pratiquement tous portent des masques. "Ne vous bousculez pas", lance un responsable du magasin à une foule d'une cinquantaine de personnes plantées devant l'entrée, portant presque toutes des masques.
Une dizaine d'équipes de policiers ont été déployées à Codogno et aux alentours pour établir "un périmètre qui sera d'abord étroit puis pourrait être élargi", explique à l'AFP une jeune policière. Tout en appelant la population à observer une sorte d'auto-quarantaine, le gouvernement a prévu des sanctions allant jusqu'à trois mois de réclusion en cas d'infraction à ces limitations.
132 contaminés
Le chef de la Protection civile, Angelo Borrelli, a annoncé un nouveau décompte des cas de contamination: 132 dans toute l'Italie, dont les deux personnes décédées entre vendredi et samedi et trois cas à Rome mais pour lesquels la maladie a été contractée hors d'Italie.
Selon le décompte officiel, il y a 89 cas en Lombardie (région de Milan), 25 en Vénétie (autour de Venise), 9 en Emilie Romagne (Bologne), 6 dans le Piémont (Turin) auxquels s'ajoutent les trois cas du Latium (Rome) dont deux touristes chinois et un jeune désormais guéri mais testé positif à son arrivée de Chine.
Comment le premier patient italien a été atteint? Mystère
Le patient 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale américaine Unilever qui a un site important près de Codogno, à Casalpusterlengo, où 120 des salariés sur 160 ont été testés. Sa maladie est un mystère car il est exclu qu'il ait été contaminé par l'un de ses amis revenu de Chine en janvier. "Sur la base des tests effectués, (l'ami) n'a pas développé les anticorps", a indiqué le ministre adjoint de la Santé, Pierpaolo Sileri.
Très sportif, le patient 1 a participé à plusieurs marathons début février. Involontairement, il a contaminé sa femme enceinte de 8 mois, un ami avec lequel il jouait au foot, trois habitués d'un bar local, des médecins qui l'ont soigné et des patients de l'hôpital de Codogno où il se trouvait de mercredi à samedi.
Des matchs de football annulés
Fermeture de tous les lieux publics dont les entreprises et établissements scolaires, annulation d'événements culturels et sportifs et des excursions scolaires dans toute l'Italie et à l'étranger... Le gouvernement a pris les mesures de confinement afin de tenter de mettre sous cloche une partie de la Lombardie et de la Vénétie pour freiner l'épidémie. Trois matches de championnat de Serie A prévus dimanche ont été reportés (Inter-Sampdoria, Atalanta-Sassuolo et Vérone-Cagliari). Les universités de ces deux grandes régions seront fermées par précaution.
A Codogno et neuf localités voisines, tous les lieux publics (bars, mairies, bibliothèques, écoles) sauf les pharmacies sont fermés depuis vendredi soir. Les trains de la société privée Trenord ne s'arrêtent plus à Codogno ni dans deux villes voisines. Beaucoup de résidents travaillent dans la métropole de Milan, capitale économique italienne. Des panneaux lumineux annoncent: "Coronavirus, la population est invitée à rester chez elle, par mesure de précaution".
A Milan, où se poursuivent les défilés de la Fashion Week, le designer Giorgio Armani a annoncé samedi soir qu'il ferait défiler dimanche ses mannequins à huis clos avec retransmission en streaming "pour ne pas mettre à risque la santé des participants". D'autres marques comme Boss, Laura Biagiotti ou Dolce e Gabbana ont maintenu leurs présentations au public.
Le premier mort européen près de Venise
L'autre zone de contamination est Vo' Euganeo où a été annoncé vendredi le tout premier décès d'un Européen victime du virus, un maçon italien de 78 ans nommé Adriano Trevisan. Une femme du même âge est morte près de Codogno la nuit suivante. En Vénétie, sous le choc d'avoir enregistré le premier mort italien, les autorités ont soumis à des tests des ressortissants chinois qui fréquentaient le même bar de Vo' Euganeo que le maçon décédé.
Le carnaval de Venise, l'un des plus célèbres au monde, avait débuté le 8 février dernier et devait se poursuivre jusqu'au 25.