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Le groupe allemand FlixMobility, opérateur des autocars FlixBus, attaque frontalement BlaBlaCar en lançant mardi FlixCar, son service de covoiturage moyenne et longue distance qu'il présente comme moins cher pour l'usager car sans commission.
Avec FlixCar, FlixBus répond ainsi à BlaBlaCar qui a créé BlaBlaBus depuis son rachat de Ouibus à la SNCF il y a quelques mois et a notamment lancé ses autocars à la conquête de l'Allemagne.
FlixBus ayant de son côté racheté les activités de Transdev (isiLines et Eurolines), les deux compagnies sont en France les seules rescapées des "cars Macron" longue distance, en concurrence frontale.
Le groupe allemand avait annoncé en juillet son arrivée dans le covoiturage pour 2020, sans préciser par quel pays il commencerait.
"On a été plus vite que prévu", a exposé à l'AFP Yvan Lefranc-Morin, directeur général pour la France de la société.
"Pouvoir lancer (FlixCar) avant les fêtes de Noël, c'est quelque chose qui a un intérêt car c'est un moment où les gens se déplacent énormément, et où ce type d'offre a beaucoup de sens", a-t-il commenté.
"Il n'y a pas d'effet d'opportunité par rapport à la grève" des transports --qui pourrait se prolonger jusqu'aux fêtes--, car le projet était "calé" depuis un certain temps, a assuré le dirigeant.
"Mais il se trouve que ça tombe pas trop mal, car les gens ont besoin de se déplacer", a-t-il aussitôt reconnu, évoquant "un assez bon alignement des planètes".
"Le covoiturage est une étape assez naturelle dans notre volonté de devenir un vrai acteur de la mobilité", a pointé Yvan Lefranc-Morin.
"On veut apporter quelque chose de nouveau sur un marché qui est en fait en monopole (...) et notamment la gratuité", a-t-il remarqué.
FlixCar promet en effet de ne prélever ni commission, ni frais. Le passager ne paiera que le prix versé au conducteur, éventuellement en espèces de la main à la main.
- "Construire une communauté" -
BlaBlaCar prélève pour chaque covoiturage des frais de service compris entre 0 et 25% (avec un minium de 1 euro). Ceux-ci "permettent à BlaBlaCar de fonctionner, tout simplement", explique la plateforme française sur son site.
FlixMobility "a les reins assez solides" pour s'en passer, a noté Yvan Lefranc-Morin, rappelant que le groupe avait fait une grosse levée de fonds --de plus de 500 millions de dollars selon la presse spécialisée-- en juillet.
"On a largement de quoi développer ce service sans le monétiser", a-t-il estimé, sans vouloir dévoiler d'objectifs.
Concrètement, le groupe allemand veut jouer sur la complémentarité entre autocar et covoiturage, ce qui devrait lui apporter de nouveaux clients à ses bus, a-t-il expliqué.
Et si elle est lancée en France mardi, la plateforme de covoiturage sera immédiatement disponible dans toute l'Europe, a noté le responsable. FlixCar va devoir rapidement recruter des conducteurs pour proposer des trajets: mardi matin, aucune des requêtes testées par l'AFP sur le nouveau site flixcar.fr n'était concluante --mais des liaisons par autocar étaient proposées pour certaines.
"Ca prend du temps de construire une communauté" d'utilisateurs, a confirmé un porte-parole de BlaBlaCar.
"Il faut attendre de voir comment ça va se passer, et pour l'instant on est tout à fait confiants dans la qualité de notre produit", a-t-il ajouté à l'AFP, notant que la plateforme française "a déjà des concurrents dans d'autres pays".
"Ca confirme qu'on est sur une bonne stratégie multimodale de combiner covoiturage et bus", a remarqué le porte-parole.
FlixMobility a aussi lancé des lignes de trains --sous la marque FlixTrain-- en Allemagne en 2018 et compte arriver sur les voies ferrées suédoises l'an prochain.
En France, le groupe a annoncé son intention de faire circuler des trains classiques sur les liaisons Paris-Bruxelles, Paris-Lyon, Paris-Nice, Paris-Toulouse et Paris-Bordeaux à partir de 2021. La décision de se lancer, ou pas, devrait être prise avant la fin mars, selon M. Lefranc-Morin.