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"Je suis gonflé à bloc": acculé, sous la menace d'une procédure de destitution, Donald Trump est reparti en campagne plus offensif que jamais, invectives et attaques personnelles à l'appui.
"Ce qui se passe est une honte", a lancé le président américain vendredi soir depuis Lake Charles, en Louisiane, se posant en victime d'un complot fomenté par une alliance entre "les démocrates corrompus" et "les Fake News".
A chaque meeting "Make America Great Again", la foule semble désormais guetter s'il ira plus loin dans la provocation, s'il osera plus que la fois précédente. Donald Trump le sait, s'en amuse, et repousse chaque fois les limites.
Qualifiant de "conneries" la procédure de destitution à laquelle il pourrait être confronté, il a ironisé sur le lanceur d'alerte à l'origine de l'affaire ukrainienne.
Les élus démocrates cherchent à déterminer dans quelle mesure le président américain a fait pression sur son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un échange téléphonique afin qu'il cherche des informations compromettantes sur son rival Joe Biden.
Le locataire de la Maison Blanche s'en est pris avec une agressivité toute particulière à Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants.
"Je pensais qu'elle aimait ce pays mais Nancy Pelsoi déteste les Etats-Unis d'Amérique!", a-t-il dénoncé sous les applaudissements nourris.
Passant en revue, et moquant, ses possibles adversaires démocrates, il s'est dit convaincu qu'il l'emporterait quoi qu'il arrive le 3 novembre 2020.
"On dirait que Bernie (Sanders) a laissé passer sa chance", a-t-il lancé dans une référence apparente aux récents problèmes de santé du sénateur du Vermont. "Qui que ce soit, que la course commence!"
Jeudi, déjà, à Minneapolis (Minnesota), il avait donné le ton, alignant les phrases choc devant les quelque 20.000 personnes rassemblées dans le Target Center.
"Depuis le premier jour, le pitoyable marigot de Washington essaye d'annuler les résultats d'une magnifique élection démocratique!"
"Ils veulent effacer votre vote comme s'il n'avait jamais existé!"
- Auditions au Congrès -
Ce qui frappe, ce sont les attaques nominatives. L'objet de ses piques les plus féroces? Joe Biden, son possible adversaire le 3 novembre 2020 s'il remporte la primaire démocrate.
Or le parcours politique de cette figure de Washington --sénateur pendant plus de 30 ans, vice-président des Etats-Unis pendant huit ans-- n'est en aucun cas un obstacle pour le milliardaire républicain.
"Il a été un bon vice-président simplement parce qu'il a compris comment être lèche-cul avec Barack Obama", a-t-il lancé devant ses partisans hilares.
Ironie de l'histoire, son propre vice-président, Mike Pence, est régulièrement moqué pour son ton extrêmement flatteur --obséquieux raillent ses détracteurs-- à chaque fois qu'il s'adresse à lui.
L'équipe de campagne du candidat démocrate n'a pas immédiatement réagi.
L'ancien numéro 2 de Barack Obama s'est, pour la première fois, prononcé cette semaine en faveur d'une procédure de destitution contre le tempétueux président.
Donald Trump "piétine la Constitution", a-t-il estimé, jugeant que que le milliardaire avait "trahi" son pays.
Ilhan Omar, élue démocrate d'origine somalienne, qui représente le Minnesota à la Chambre des représentants, a elle été qualifiée de "honte" pour l'Amérique par le locataire de la Maison Blanche.
"Comment pouvez-vous avoir une telle personne qui vous représente? Je suis en colère contre vous!", a-t-il ajouté dans un sourire.
Dans un tweet, l'élue a fustigé la "haine" du président américain. "Il a relayé des théories du complot xénophobes me concernant", a-t-elle déploré.
En dépit de la décision de la Maison Blanche de ne pas coopérer, les démocrates du Congrès poursuivent de leur côté leurs investigations.
Quelques heures avant la départ du président américain pour la Louisiane, Marie Yovanovitch, ex-ambassadrice américaine en Ukraine, a témoigné au Congrès.
A huis clos, elle n'est pas entrée dans le détail de ces soupçons explosifs, d'après les médias américains. Elle a toutefois affirmé que Donald Trump avait fait pression durant des mois pour son rappel à Washington, sur la base de "fausses accusations".