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Le moustique tigre de plus en plus présent en Belgique: doit-on s'inquiéter?

Le moustique tigre, autrefois confiné aux régions tropicales, poursuit son implantation en Belgique. Au-delà des nuisances causées par ses piqûres, il peut également transmettre des maladies infectieuses comme la dengue, le chikungunya ou encore le virus Zika.

Originaire des forêts tropicales d'Asie du Sud-Est, le moustique tigre s'est rapidement propagé à travers le monde. Il a fait son entrée en Europe en 1979 par l'Albanie, avant de coloniser l'Amérique du Nord et du Sud dans les années 1980. Durant les années 1990, il a également gagné du terrain en Afrique et en Italie.

En Belgique, le moustique tigre a été observé pour la première fois en 2000, lorsqu'il a été découvert dans des pneus usagés importés. "Depuis 2013, le moustique tigre est présent presque chaque année dans notre pays, introduit via le commerce de pneus usagés et de Lucky Bamboo, une plante ornementale", explique Marie Hermy, épidémiologiste chez Sciensano, l'Institut national de santé publique. "Et depuis 2018, on constate que le moustique tigre fait également du stop en voyageant via le trafic routier en provenance des pays voisins où il est présent, puisqu'on le retrouve de plus en plus sur les parkings le long des autoroutes", ajoute l'experte.

Plus de 800 signalements en 2024

Depuis le début de l'année, plus de 800 signalements de moustiques tigres ont été enregistrés via la plateforme SurveillanceMoustiques, soit une augmentation de plus de 100 par rapport à l'année dernière. Parmi ces signalements, 13 ont été confirmés. Depuis le 21 mai 2024, des moustiques tigres ont été détectés dans neuf localités en Belgique, dont six nouvelles : Boom, Humbeek, Gand, Schelle, Verviers et Saint-Josse-ten-Noode.

Chaque signalement permet aux scientifiques d’évaluer rapidement la situation et de prendre des mesures, si nécessaire, dans les zones affectées. "Initialement, nous essayons d'effectuer une inspection dans un rayon de 100 mètres autour de chaque nouvel endroit où un moustique tigre a été signalé. Cela nous permet de mieux évaluer la situation. Ces informations sont ensuite partagées avec l'autorité régionale compétente en matière de contrôle, qui examine la situation et décide des mesures à prendre en matière de prévention et de contrôle. De cette manière, des efforts sont faits pour retarder le plus possible l'établissement du moustique tigre en Belgique", indique Marie Hermy.

Le moustique tigre se reproduit dans l'eau stagnante, souvent trouvée dans des récipients artificiels tels que des bols, des pots, des barils de pluie, des pieds de parasol, et d'autres objets similaires.

Comme l'explique Sciensano, chacun peut contribuer à éliminer ces sites potentiels de reproduction. "Les abreuvoirs pour oiseaux et animaux peuvent être vidés et remplis tous les 5 jours, et les barils de pluie doivent être correctement recouverts, éventuellement avec une moustiquaire ou un couvercle, afin d'empêcher le moustique tigre d'y pondre ses œufs", précise l'épidémiologiste.

Quant aux étangs et autres eaux plus naturelles, ils ne posent pas de problème puisqu'ils ne sont pas des sites de reproduction pour le moustique tigre. "Les personnes qui voyagent vers le sud de l’Europe en voiture doivent faire attention à ne pas ramener de moustiques tigres dans leur véhicule. Il est déconseillé d'apporter des plantes et des pots en Belgique, car ils peuvent contenir des œufs de moustiques tigres", signale-t-elle.

Aucune maladie contractée en Belgique

La dengue, le chikungunya et le Zika ne sont actuellement pas présents en Belgique, mais sont parfois apportés par des voyageurs. "Tous les cas de ces maladies sont des cas importés, c'est-à-dire qu’ils ont été contractés à l’étranger, là où ces virus circulent", explique Javiera Rebolledo, elle aussi épidémiologiste chez Sciensano.

Si aucun cas autochtone de dengue, chikungunya ou Zika n’a été diagnostiqué en Belgique, ce n'est pas le cas chez nos voisins : "Des foyers de dengue et de chikungunya sont régulièrement enregistrés dans les pays où le moustique tigre est établi, comme en France, en Italie ou en Espagne. En 2024, 10 cas autochtones de dengue ont déjà été enregistrés en France, et un en Italie", précise-t-elle.

Si des mesures ne sont pas mises en place, ce moustique va s’installer sur l’ensemble du territoire. Et donc des épidémies de ces maladies sont possibles

Le risque d'observer des cas d'infection dans nos régions n'est pas négligeable et pourrait, à terme, devenir une réalité si le moustique parvient à s'implanter dans nos contrées. "Vu le nombre de nouveaux endroits où le moustique tigre est observé et le fait que le nombre total de sites où le moustique tigre s'établit en Belgique augmente d’année en année, on peut estimer que si des mesures pour limiter et retarder son établissement ne sont pas mises en place, ce moustique va s’installer sur l’ensemble du territoire. Et donc des épidémies de ces maladies sont possibles", poursuit la spécialiste.

Outre son potentiel à transmettre des virus, le moustique tigre a un comportement piqueur très gênant, comme le rappelle Javiera Rebolledo."Il peut être particulièrement agressif lorsqu'il cherche à se nourrir, causant parfois des nuisances telles que les gens évitent certains endroits."

Enfin, si la propagation du moustique tigre en Belgique sera difficile à enrayer, elle peut néanmoins être ralentie grâce à la contribution de tout un chacun. "Grâce à la surveillance et à la coopération des citoyens, nous avons une bonne idée des endroits où se trouvent les moustiques tigres. Cela permet, si nécessaire, de prendre des mesures de contrôle pour éliminer les populations de moustiques, limitant ainsi les nuisances pour les personnes et réduisant le risque de transmission de virus à l'avenir", conclut Marie Hermy, qui prévoit néanmoins une "augmentation" du nombre de sites abritant des moustiques tigres dans les années à venir.

 

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