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Est-il encore sûr de rouler en Citroën ?

Stellantis a récemment annoncé un rappel massif de véhicules Citroën en raison d’airbags défectueux. Cette campagne de rappel concerne des centaines de milliers de modèles C3 et DS3 dans le monde, de quoi provoquer de nombreuses craintes de la part de leurs utilisateurs.

Depuis plusieurs semaines, le groupe Stellantis a lancé une campagne de rappel pour leurs véhicules C3 et DS3 équipés d’airbags Takata. Cet airbag présente le risque de se déclencher automatiquement, sans aucune raison apparente. Et cela peut avoir de graves conséquences puisque plusieurs morts et blessés ont été recensés en France d'outre-mer et métropolitaine ces dernières années. La groupe précise que les véhicules concernés ont été produits entre 2009 et 2019.

Un problème de gaz propulseur

Tout d'abord, ça fonctionne comment un airbag ? "C'est un ballon qui est emprisonné dans une enveloppe et qui va se déployer quand un calculateur décide d'enclencher la procédure de mise à feu. C'est une explosion qui se passe dans une capsule ou un logement bien prévu à cet effet, et le gaz, en explosant, va permettre de gonfler l'airbag", explique Sébastien Toussaint, ingénieur électromécanicien et professeur à la Haute École de la Ville de Liège.

Ces airbags fournis par le fabricant japonais Takata présentent un risque sérieux en raison de la détérioration d'un gaz interne. "Dans ce cas-ci, il y aurait des problèmes avec le gaz utilisé. C'est donc l'intégrité du système qui a perdu sa stabilité. Autrement dit, si l'airbag se déclenche, on n'est pas certain que ce soit dans les bonnes conditions, et par ailleurs, on n'est pas certain qu'il ne peut pas se déclencher tout seul.

L'humidité dans l'air constitue un paramètre qui peut accélérer le vieillissement du gaz

Le gaz subit alors une réaction chimique qui s'accélère avec la température et l'humidité dans l'air. "Un peu comme toutes les réactions chimiques qui sont sensibles à des paramètres extérieurs, comme la température, le fait d'avoir de l'humidité dans l'air constitue un paramètre qui peut accélérer le vieillissement du gaz prévu pour la projection de l'airbag."

Dès lors, il est actuellement difficile de savoir d'où provient réellement l'origine du problème du côté du fabricant d'airbag Takata, tombé en faillite en 2017. "Il y a presque 20 ans, le fournisseur japonais a utilisé un gaz qui, à l'époque, a été testé. Mais peut-être qu'il n'a pas été suffisamment testé", s'interroge Sébastien Toussaint. 

Lors d'un déclenchement, des fragments métalliques peuvent être projetés, entraînant de graves blessures. "L'airbag est contenu dans un logement constitué de pièces qui ne sont pas censées blesser lorsqu'il se déploie de manière conventionnelle. Mais comme le gaz s'est dégradé, il est possible que les constituants de l'enveloppe se transforment en projectile aussi", indique l'ingénieur, pour qui le tissu peut potentiellement s'avérer tout aussi dangereux. "Si l'airbag se déploie trop vite, le tissu, qui est normalement souple, peut se transformer en quelque chose de dangereux car il sera très rigide quand il va toucher le visage du conducteur."

D'autres marques touchées par le passé

De là à affirmer qu'il est plus risqué de rouler en Citroën, il y a un pas que l'ingénieur refuse de franchir. "Toyota et Tesla ont déjà eu des problèmes de freinage. Chaque marque a ses soucis, je ne suis pas certain que ce soit plus risqué de rouler avec une Citroën maintenant qu'avec un autre véhicule qui est peut-être équipé du même type de gaz propulseur." Pour cause, d'autres marques automobiles ont fait appel à d'autres sous-traitants que le sous-traitant japonais, mais qui ont utilisé le même gaz.

Si le scandale touche aujourd'hui Citroën et le groupe Stellantis, il n'est pas impossible qu'il impacte d'autres marques comme c'est déjà arrivé par le passé. Depuis 2014, on estime que des dizaines de millions de voitures de marques différentes, telles que Mazda, Ford, BMW ou Honda, ont été rappelées pour remplacer ces airbags défectueux. Stellantis a d'ailleurs annoncé qu'une mesure de rappel préventive a démarré pour d'autres modèles, à savoir les C4, DS4 et DS5. Les remplacements sont effectués progressivement en fonction de l'ancienneté des véhicules et leur localisation géographique.

Des rappels de plus en plus nombreux 

Au-delà de la campagne de rappel colossale du groupe Stellantis, le phénomène semble de plus en plus récurrent dans l'industrie automobile. "Les actions de rappel se font plus régulièrement qu'il y a 10 ou 20 ans", confirme Joost Kaesemans, responsable des relations publiques chez Touring.

Selon lui, une partie de l'explication réside dans la pression commerciale qui pèse de plus en plus sur les équipes de développement. Il y a toujours une forte pression commerciale, où le constructeur se doit de présenter des véhicules mieux équipés, de dernière génération, avec un nouveau look. Le temps de développement d'un nouveau modèle doit être le plus court possible, car le consommateur, aujourd'hui, est tenté d'acheter une nouvelle voiture, tous les cinq ou six ans. La gamme doit donc être renouvelée, avec des nouveaux modèles. Ce qui peut potentiellement réduire le testing et le développement d'éléments technologiques du véhicule."

Sébastien Toussaint abonde dans ce sens : "Il y a 20 ans, il fallait peut-être six ans pour développer une voiture, maintenant, il en faut quatre. C'est deux années en moins. Cela explique probablement qu'il a plus de rappels à gérer." De quoi transformer les consommateurs en bêta-testeurs ? "Pas pour les organes de sécurité, mais pour des systèmes qui n'ont pas d'impact sur la sécurité, comme le multimédia, l'utilisateur sert souvent de testeur et de débugueur", déplore-t-il.

Il y a plus de rappels, mais les véhicules sont devenus de plus en plus fiables et durent plus longtemps

D'autres facteurs peuvent également expliquer la multiplication des campagnes de rappel, tels que le développement des technologies embarquées, mais aussi des exigences beaucoup plus sévères au niveau de la sécurité et des normes anti-pollution. Joost Kaesemans tient pourtant à nuancer ce phénomène. "Il y a plus de rappels, mais les véhicules sont devenus de plus en plus fiables et durent plus longtemps. Beaucoup de problèmes de fiabilité et de sécurité sont derrière nous. Le problème de la rouille de la carrosserie, ça n'existe plus. Un moteur qui ne roule que 100 000 kilomètres, ça n'existe plus non plus. S'ils sont plus régulièrement rappelé au garage, les véhicules sont "de meilleurs qualité, plus durables et provoquent moins de problèmes qu'avant", précise le responsable des relations publiques chez Touring. 

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Commentaires

2 commentaires

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  • La France ? C'est le pays du bazar

    Designer Dagobert
     Répondre
  • pour les airbags, effectivement toutes les marques ont pratiquement été impactées. Mais "Est-il encore sûr de rouler en Citroën ?" ça n'a jamais été sûr.

    roger rabbit
     Répondre